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La VAE a changé leur vie

La VAE a changé leur vie

En fin d’année dernière, le dispositif de Validation des Acquis de l’Expérience (VAE) a soufflé ses ses vingt bougies. Grâce à ce système, de nombreux Loirétains ont vu leur vie transformée. Témoignages recueillis lors d’une journée dédiée qui s’est tenue à l’École Régionale du Travail Social (ERTS) d’Olivet.
Gaëla Messerli
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La Validation des Acquis de l’Expérience est une des voies d’égalité des chances, mais ce n’est ni un long fleuve tranquille, ni un fleuve tout à fait court… » C’est par cette métaphore fluviale que Carole Canette, vice-présidente de la Région déléguée aux lycées, à l’éducation, à l’apprentissage, à la jeunesse et à la vie lycéenne, a introduit la journée spéciale des 20 ans de la VAE qui s’est tenue, avant Noël, à l’École Régionale du Travail Social d’Olivet. Aujourd’hui encore, deux décennies après la mise en application de ce dispositif, la Région Centre-Val de Loire consacre 1 M€ par an à la Validation des Acquis de l’Expérience. En revoyant son accompagnement (lire notre article en p.16), la collectivité espère voir 2 000 VAE se concrétiser. « Dans le contexte actuel de besoins en main-d’œuvre en tension, la VAE est intéressante, observe Carole Canette. Pourtant, les gens ont souvent déjà des compétences, mais ils privilégient parfois une formation, car ils s’y sentent
plus encadrés. »

En matière de VAE, il existe aujourd’hui plusieurs formules. Celles-ci peuvent être individuelles ou collectives (plusieurs salariés au sein d’une même entreprise pour un même diplôme). Mais surtout, le système vise à valider des compétences acquises grâce à l’expérience professionnelle. À la mi-décembre, Fatima, Ruiz, Nathalie et bien d’autres ont ainsi témoigné de l’importance qu’a eue la VAE pour eux. Pour Fatima, l’expérience était même toute fraîche, car elle venait de passer, la veille, la deuxième partie de sa VAE de CAP AEPE, ex-CAP petite enfance. Cette conseillère parentale travaille en effet depuis vingt ans chez des particuliers, mais cherche à évoluer vers des structures collectives : elle voudrait devenir ATSEM (agent territorial spécialisé des écoles maternelles).

Pour Sandrine, vendeuse depuis vingt-sept ans dans la même enseigne de prêt-à-porter, c’est le Covid qui a été un électrochoc. Même si elle a retrouvé sa place en boutique, elle a préféré faire reconnaître son expérience en cas de retour sur le marché du travail. « Je me suis donc lancée dans la VAE d’un BTS Management Commercial Opérationnel », indique cette responsable de boutique. Cette envie de sécuriser son avenir se retrouve également chez Marie-Hélène, ingénieure de formation, qui a choisi de créer des meubles après une rupture conventionnelle. « J’ai préparé un CAP d’ébénisterie, raconte-t-elle. Je voulais faire reconnaître mon expérience acquise en autodidacte, de manière à pouvoir continuer d’exercer ce métier que j’adore, même si ma société s’arrête un jour. » D’origine portugaise, Ruiz a vu quant à lui dans la Validation d’Acquis de l’Expérience une manière de « s’intégrer à la société française ». Même si la rédaction des livrets de VAE en français lui a donné du fil à retordre, ce conducteur de camions a réussi à valider un Bac Pro « conducteur transporteur routier marchandises ». Aujourd’hui, il forme même des conducteurs au sein de son entreprise… « Je travaille également à l’exploitation, s’enthousiasme-t-il. Et même si la conduite, c’est ma vie, pourquoi ne pas tenter un BTS exploitation à l’avenir ? »

Grâce au CPF

Au-delà du diplôme obtenu, il y a pour tous un sentiment de légitimité qui a grandi avec la VAE et souvent, aussi, un salaire qui a augmenté… C’est le cas de Jennifer, qui était maîtresse de maison dans une structure pour personnes handicapées. « J’avais un BTS et je faisais le même métier que mes collègues moniteurs-éducateurs », raconte cette femme qui a pris du temps, avec la naissance de ses enfants, pour finaliser sa démarche. « Sans les 10 heures d’accompagnement financées grâce à mon Compte Personnel de Formation, je ne sais pas si je serais allée jusqu’au bout », insiste Jennifer, qui touche aujourd’hui le même salaire que ses collègues grâce à sa VAE. Nathalie, qui a validé un Bac Pro accueil « clients et usagers », évoque aussi cette amélioration salariale. « J’avais un CAP d’employée comptable et un CAP en dessin industriel, dit-elle. Je travaillais pour une association et j’avais peur du licenciement. » Elle a alors validé un titre professionnel et est aujourd’hui conseillère en insertion professionnelle. « Avant, je travaillais seulement 25 heures mais maintenant, je suis à temps plein »,
ajoute-t-elle.

Malgré ces parcours finalement positifs, tous reconnaissent quand même que le montage du dossier peut être un frein et que l’angoisse de la page blanche est une réalité. Certains flous sur les attendus peuvent aussi décourager. Mais la satisfaction est là, côté salariés comme côté employeurs. En effet, pour Sandra, directrice d’établissements œuvrant dans la protection de l’enfance (Action Enfance) dans le Loiret, la VAE collective est une solution économique car un formateur peut se déplacer pour plusieurs salariés. « Nos salariés mutualisent également une voiture pour venir à l’École Régionale du Travail Social et il y a une émulation », affirme-t-elle.

Dans un autre domaine, Sébastien, responsable formation chez Amazon, a expliqué mettre en place des sessions de VAE collective allant du BTS jusqu’au Bac + 5. « Cela concerne tous nos salariés », insiste-t-il. Le géant de la vente en ligne y voit le moyen d’envoyer ses salariés chevronnés ouvrir de nouveaux sites. « Cela facilite la mobilité. Nous avons ainsi des personnes qui ont commencé à Saran et qui travaillent aujourd’hui en Angleterre. » Désormais manager sur le site de Brétigny-sur-Orge, Mohamed a ainsi commencé comme magasinier intérimaire à Saran et a ensuite effectué le remplacement d’une cheffe d’équipe en congé maternité avant d’aller dans l’Essonne. « J’avais un DUT, mais il me fallait un Bac + 3 ; j’ai donc validé une licence professionnelle pilotage des flux logistiques et, aujourd’hui grâce à la VAE, je suis manager », détaille cet « Amazonien ». Un parcours qui force le respect.

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