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Et maintenant ?

Et maintenant ?

Benjamin Vasset
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C’est donc arrivé : vingt ans après la déflagration du 21 avril 2002, l’histoire de France retiendra la date du 19 juin 2022 comme celle qui aura envoyé près de 90 députés du Rassemblement national au Palais-Bourbon. Et pour cela, il n’y a même pas eu besoin d’une réforme des institutions ou de l’ajout d’une dose de proportionnelle réclamée depuis des lustres par le parti lepéniste. Force est de constater que le Rassemblement national en a fini de sa « dédiabolisation » : le « front républicain » n’existe plus, la tripolarisation de la vie politique est désormais installée, et il y a comme un parfum de IVe République qui flotte depuis le début de la semaine sur le pays. À ceci près qu’au début des années 50, les Français n’étaient pas encore fatigués d’aller voter, qu’ils avaient payé pour voir que la démocratie était fragile, et que les partis de l’époque réussissaient encore à mobiliser les « masses ». Aujourd’hui, dès lors qu’il ne s’agit pas d’élire leur chef suprême, un Français sur deux (au moins) se fait porter pâle et considère que tout cela n’est d’aucune utilité pour lui. Certains considèrent que cette « abstentionnite » est le signe d’une société qui vit bien et qui ne voit plus le vote comme le moyen d’améliorer son existence. Mais ce repli sur son propre destin individuel en dit malheureusement beaucoup sur la perte de communauté d’intérêt qui perce de plus en plus dans nos sociétés post-industrielles. Plus inquiétant, et même désespérant pour les partis qui font de la « justice sociale » le socle de leur combat : les habitants des quartiers populaires écoutent leurs revendications d’une oreille plus que distraite.

Les élus d’aujourd’hui et de demain devront avoir pour principale mission de lutter contre cette dépolitisation qui affaiblit les démocraties quand les dictatures, elles, se renforcent. Les maires, notamment, doivent agir, et agir vite, pour faire vivre le débat, en organisant régulièrement des moments de rencontres et d’échanges visibles, au cœur de leurs villes et de leurs villages, pour que revive l’Agora des temps anciens.

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