Rodolphe Delord, le directeur général de Beauval, avait pris un peu d’avance sur l’annonce gouvernementale pour faire part de la nouvelle de la réouverture de son zoo, le mardi 2 juin. Il faut dire que l’attente était forte : avec le confinement, le célèbre zooparc, qui a continué à fonctionner avec 210 personnes sur site pendant deux mois, a tout de même été obligé de placer 575 salariés au chômage partiel. Et celui-ci n’a pas concerné les animaux, qui ont continué à manger
et à être soignés.
À Beauval, on espère…
Rodolphe Delord rappelle les emplois et l’économie à l’échelle locale que génère son parc. « Beauval, c’est 2 500 emplois avec les artisans locaux, les chambres d’hôtes, etc… » Pour le zoo, la note fut, pendant le confinement, salée : « cela représente 60 % des droits d’entrée du zoo en termes de charges », explique le maître des lieux, qui se veut cependant positif à l’heure de la réouverture de son parc : « Tant que le match n’est pas terminé, rien n’est perdu ! Par rapport aux châteaux de la Loire, la chance de Beauval est d’avoir peu de touristes étrangers dans sa clientèle. Et comme on dit que les Français ont épargné 60 milliards d’euros pendant le confinement… » »
En début de semaine, Rodolphe Delord avait la tête occupée par sa réouverture et la centrale de réservation qui s’animait (voir encadré). « Notre métier, c’est la conservation de la biodiversité, mais aussi la gestion des flux de public, dit-il. Un lieu comme Beauval est idéal. Nous pouvons assurer la sécurité des visiteurs et de nos salariés. » Pour cela, ce sont plus de 80 distributeurs de gel hydroalcoolique qui ont été déployés dans le parc et 100 % des salariés qui seront équipés en visières.
« Entre 40 et 80 % de pertes ? »
Du côté de Chambord, ce n’est pas le 2 juin, mais le 5, que les visiteurs pourront arpenter de nouveau le château de François Ier. Le parc, lui, était déjà visitable depuis le 11 mai. « Nous avons préféré rouvrir le 5 juin afin que tout le monde puisse s’adapter à son poste, explique Cécilie de Saint-Venant, la directrice de la communication du Domaine et de la marque Chambord. Le plan de reprise a été envoyé la semaine dernière aux services de la préfecture. Nous avons mis en place un parcours de visite dans le château afin d’éviter les croisements. Cela permet de visiter la quasi-totalité de l’édifice. » Il faut dire que le « Taj Mahal français » est vaste et possède un équipement spécial Covid-19 : son escalier à double révolution, conçu à l’origine pour éviter les croisements, s’avère parfaitement adapté à la crise actuelle !
La communication du Domaine de Chambord explique aussi réouvrir « les locations de barques, vélos et voiturettes, qui permettent de profiter de plus de 1 000 hectares de parc. » De quoi, donc, passer toute la journée sur le site. Côté équipements, le gel hydroalcoolique sera présent « partout » et les agents seront équipés en visières ou masques lavables. « Nous avons beaucoup été en contact avec le public sur les réseaux sociaux pendant le confinement ; maintenant nous attendons les visiteurs en chair et en os. Nous avons hâte de les revoir ! » insiste Cécilie de Saint-Venant, qui espère la venue de touristes de la région Centre-Val de Loire et du reste de la France, car le fleuron des châteaux français risque d’accuser pendant un temps l’absence de touristes étrangers (aujourd’hui, le tourisme régional représente 25 % des visiteurs de Chambord, ndlr). Chambord mise donc cette année sur un tourisme français et « relocalisé ». « Les gens ont fait l’école à leurs enfants, analyse-t-on au château. Quoi de mieux que de leur montrer la demeure de François Ier lorsqu’on leur a enseigné cette période de l’Histoire de France ? »
À Chambord, on s’adapte…
Évidemment, le Domaine reste lucide sur la crise actuelle : « nous sommes sur des scénarios entre 40 et 80 % de pertes », indique la directrice de la communication. Pour éviter des licenciements économiques, il n’y aura donc aucune embauche de saisonniers cette année. « Nous expérimentons la flexibilité sur la base du volontariat. La semaine dernière, une partie de la comptabilité est venue aider à ébourgeonner les vignes et cet été, je ferai moi-même un peu de billetterie », affirme Cécilie de Saint-Venant, qui reconnaît que des coupes ont été pratiquées dans de nombreux budgets, notamment avec l’annulation de la saison culturelle. Mais d’ores et déjà, le Domaine sait qu’il a un grand rendez-vous à préparer l’année prochaine. En effet, 2021 marquera les 200 ans d’ouverture de Chambord au public. De quoi donner de bonnes raisons, notamment aux touristes étrangers, de revenir sur les terres royales.