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À Orléans, Barnier en père tranquille
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À Orléans, Barnier en père tranquille

À Orléans, Barnier en père tranquille

Michel Barnier était de passage à Orléans le 5 novembre dernier pour y développer quelques éléments de son projet en vue de l’élection présidentielle. Venu en voisin (il possède une résidence secondaire à La Ferté Saint-Aubin), l’ancien ministre des Affaires étrangères, qui peut compter sur le soutien de nombreux élus de poids dans le Loiret, a présenté des idées rassurantes pour ses potentiels électeurs.
Benjamin Vasset
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Environ 180 personnes s’étaient données rendez-vous à Orléans, le 5 novembre dernier, pour écouter et voir de plus près l’homme que l’on présente aujourd’hui comme le favori du congrès des LR, celui-là même qui désignera, début décembre, le candidat de la droite républicaine à l’élection présidentielle. Michel Barnier, 70 ans, a déroulé pendant une grosse heure quelques éléments de son projet et de sa personnalité, qu’il n’a pas surjouée : « Je ne suis pas quelqu’un qui fait le clown ; on dit même que je manque d’humour… Je vais progresser mais je ne vais pas changer : je resterai quelqu’un de sérieux ». Il est certain que, micro en main, Michel Barnier n’est pas tout à fait du genre à galvaniser les foules, tout le contraire en somme d’un Serge Grouard qui l’a accueilli et précédé sur scène. Jamais meilleur que lorsqu’il s’adresse à un public conquis, le maire d’Orléans a justifié pourquoi il soutenait l’ancien négociateur dans la course à l’investiture LR : « La France n’a besoin ni d’un homme d’estrade ni d’un tribun de foire. Mais dans un monde de plus en plus incertain, dangereux et tendu, dans lequel la Chine sera demain la première puissance mondiale, nous avons besoin d’expérience et d’un chef d’État qui puisse discuter d’égal à égal avec tous les présidents de ce monde ». Ce côté grand-père protecteur, Michel Barnier en a fait un atout, rappelant ainsi à Orléans son impressionnant CV d’élu de terrain ayant patiemment gravi les marches jusqu’à tout connaître des arcanes de l’État et de l’Union européenne. Bref, s’il est élu au printemps prochain, personne ne pourra lui faire un procès en amateurisme, comme au tout début des quinquennats Hollande et Macron, ce dernier étant d’ailleurs gentiment habillé pour l’hiver par Michel Barnier : « Il a géré le pays de manière solitaire, superficielle et parfois élitiste. Moi, vous ne m’entendrez jamais dire qu’il y a des gens qui ne sont rien ; je ne parlerai non plus jamais de  » premiers de cordée « . »

Le combo de la droite

Michel Barnier a en fait accusé l’actuel Président d’avoir aggravé les fractures françaises : « il y a aujourd’hui trop d’agressivité dans notre pays, avec le sentiment que l’on perd un peu notre identité ». Sur ce terrain, il a débité les canons traditionnels de la droite : en bon « gaulliste viscéral » (dixit Serge Grouard), l’ancien ministre des Affaires étrangères a ainsi fait un tabac en déclarant que « jamais, (il) ne s’excuserait pour l’Histoire de France. Dans cette Histoire, il y a eu des ombres, des lumières, et des lumières plus nombreuses que des ombres ». Applaudissements garantis, lesquels ont de nouveau retenti quand Michel Barnier a parlé immigration. En assurant que, lui Président, il établirait un moratoire de 3 à 5 ans sur le sujet et qu’il n’y aurait donc plus de régularisation durant ce laps de temps, il a rassuré son électorat, qui a d’ailleurs appris qu’un référendum demanderait rapidement aux Français d’inscrire cette question dans la Constitution… Autre case « de droite » cochée par le candidat Barnier : la restauration de l’autorité de l’État, « plus respectée » selon lui : en réponse, s’il arrive au pouvoir, 250 postes de juges et de greffiers seront créés pendant 5 ans et 20 000 places de prison supplémentaires seront construites. En attendant leurs concrétisations, les « délinquants et prisonniers qui ne sont pas français seront expulsés progressivement ». Bien conscient que cette assertion ne sera pas aussi facile à tenir qu’à promettre, Michel Barnier a ajouté, en sous-texte : « ces expulsions le seront en fonction des accords qui seront négociés avec leurs pays d’origine… » Dans le champ économique, le candidat a sinon déclaré vouloir « encourager le travail et le mérite plutôt que l’assistanat, en allégeant par exemple les charges sur les emplois intermédiaires ou en supprimant les charges sociales sur les premiers emplois des jeunes dans toutes les entreprises durant trois ans ». Sur le plan sociétal, Michel Barnier a enfin esquissé « une grande politique familiale ».

Au milieu de ce discours conservateur classique, l’ancien négociateur du Brexit a cependant étonné en promettant de doubler les heures de sport à l’école, car « un pays sportif est un pays qui a le moral ». Il a aussi écorné la mainmise de la finance internationale sur l’économie mondiale – « pendant 40 ans, on a fait preuve de naïveté et de laisser-faire » –, en appelant à des mécanismes et des lois de régulation qu’il a, assure-t-il, mis lui-même en place lors de sa carrière de commissaire européen. L’Europe, justement : Michel Barnier, qui renvoie dans l’opinion une image (quand il en a une) de haut fonctionnaire bruxellois, reconnaît certes que la France « n’arrivera pas à se protéger toute seule » – mais qu’il ne « laissera pas le pouvoir aux technocrates ». Enfin, sur le fonds, celles et ceux qui seraient venus pour en connaître un peu plus sur les idées écologiques de l’ancien ministre de l’Environnement (sous Édouard Balladur) en auront été pour leurs frais : le dossier a été relégué à un sous-thème des priorités du candidat Barnier, qui a simplement annoncé un objectif : « que la France soit le premier pays décarboné du monde dans 25 ans ». « Et cela, a-t-il ajouté, on ne le fait pas sans nucléaire ». Bref, Michel Barnier, qui apparaît aujourd’hui comme le profil le plus consensuel des Républicains et assimilés, devrait pouvoir faire perdurer l’héritage Fillon de 2017 tout en lui extirpant son côté brutal : d’ailleurs, à Orléans, le candidat ne s’est pas aventuré sur le nombre de postes de fonctionnaires qu’il voudrait supprimer, une vieille lune de la droite en période de campagne. 

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