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Sexisme : les rédacs sont-elles réacs ?

Sexisme : les rédacs sont-elles réacs ?

Dans leur fonctionnement au quotidien, les médias ne sont pas toujours les plus respectueux des femmes qui travaillent en leur sein. Certaines journalistes témoignent de ces situations qui relèvent, selon la présidente régionale du Club de la Presse, d’un « sexisme ordinaire ».
Anaïs Rambaud
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Cela ne semble être un secret pour personne : l’ambiance sexiste existe chez les médias eux-mêmes. À partir de 2018, ceux-ci n’ont pas été épargnés avec le hashtag #Metoomedia, qui a notamment permis de dévoiler l’affaire PPDA, laquelle était, semble-t-il, l’un des secrets les mieux gardés du secteur. « Ça se savait, mais il y avait une omerta, rappelle Lucie Diat, journaliste de l’association Prenons la Une. On ne voulait pas le voir. » On se souvient aussi, il y a quelques mois, des révélations explosives de Clémentine Sarlat, journaliste au sein de la très masculine rédaction du service des sports de France Télévisions, qui faisait état d’une ambiance particulièrement pesante quand elle y travaillait : son témoignage avait d’ailleurs abouti au départ de plusieurs de ses anciens confrères. 

Non loin de l’Orléanais, certains se remémorent encore de la condamnation aux prudhommes de La Nouvelle République (quotidien régional basé à Tours) suite au licenciement d’une salariée déclarée inapte. « Des blagues vulgaires, à connotation sexuelle avec apposition de photographies suggestives », avait relevé le Tribunal tourangeau. L’état de santé de cette victime ayant été « considérablement altéré par ces événements », la notion de harcèlement environnemental avait été entendue et jugée pour la première fois au tribunal. 

« Du sexisme qui s’ignore »

Ce cas ne serait pas isolé. Des journalistes locales en conviennent, à commencer par Élodie Cerqueira, journaliste indépendante et nouvellement présidente du Club de la presse Centre-Val de Loire : « Les faits de sexisme ordinaire sont courants, que ça soit en rédaction ou sur le terrain », explique-t-elle. Ce point de vue est partagé par Fabienne, vingt ans passés en presse locale : « il y a un sexisme qui s’ignore et qui semble inconscient, mais qui pourtant est très visible. On ne va pas s’adresser de la même manière aux hommes et aux femmes, par exemple. Les rédacteurs en chef – exclusivement masculins – que j’ai pu avoir étaient très secs et exigeants avec les femmes, mais faisaient copain-copain avec les hommes. » 

Isabelle a pour sa part entendu pendant des années ses collègues masculins, employer cette expression : « Vos histoires de bonnes femmes… » Marion, elle, ne compte plus le nombre de fois où elle a dû faire face aux blagues machistes à la cantine ou les sujets particulièrement pénibles qui lui étaient attribués parce qu’elle était une femme. Elle ajoute : « Et puis, il m’a fallu sept années pour voir mon salaire augmenter. Est-ce parce que pendant ces sept ans j’ai eu deux congés maternité ? Peut-être, l’histoire ne le dit pas… »

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