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Derrière les portes closes… : urbex, voyages en terres inconnues

Derrière les portes closes… : urbex, voyages en terres inconnues

Cette pratique embrasse nombre d’aficionados, mais reste encore marginale. L’urbex, dérivée de l’anglais « urban exploration », est une pratique qui consiste à visiter des lieux pour la plupart abandonnés. À Orléans, plusieurs groupes « d’urbexeurs » se sont réunis autour d’une activité passionnante, et vite addictive…
Hugo De Tullio
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Les fans de la série The Walking Dead reconnaîtront parfaitement l’ambiance qui va suivre… Un lieu désert, un silence de plomb, une odeur de poussière stagnante, de la moisissure au plafond, une végétation prenant le pas sur le mobilier, des objets crasseux jonchant le sol troué de part en part, laissant deviner que des gens, auparavant, vivaient ici. C’est le genre d’atmosphère que l’on rencontre régulièrement lorsque l’on pratique « l’urbex ».

Démocratisée dans les années 2000, l’exploration urbaine a pris un essor notable ces dernières années avec l’émergence des réseaux sociaux. Administrateur du groupe Facebook « Urbex région Centre », Noé* a créé cette communauté il y a près d’un an : « on ne s’attendait pas à avoir autant de monde lorsque l’on a lancé le groupe. C’est une pratique très populaire, même si l’on n’en entend pas parler », reconnaît ce jeune homme. Aujourd’hui, le collectif régional rassemble plus de 1 350 personnes postant quotidiennement des photos de leurs aventures et de leurs trouvailles sur Internet. S’il est difficile d’avoir un chiffre précis, plusieurs milliers d’aventuriers explorent les recoins inconnus du territoire du Centre-Val de Loire. Mais concrètement, faire de l’urbex, qu’est-ce-que cela signifie ? Visiter toutes sortes de lieux le plus souvent abandonnés par leurs propriétaires et généralement difficiles d’accès : maisons, usines, hôpitaux, entrepôts, centres commerciaux, parcs d’attraction, châteaux, casses de voitures… Bref, tout ce qui est susceptible d’être exploré. Par mesure de discrétion, les urbexeurs peuvent pénétrer sur ces sites de nuit, à l’abri des regards des voisins ou autres riverains qui passeraient par là. 

Une activité illégale, mais…

On s’en serait douté, l’activité est illégale puisqu’il est interdit d’entrer par effraction dans un lieu. Les explorateurs peuvent donc parfois tomber sur les forces de l’ordre. Néanmoins, celles-ci ne semblent pas trop préoccupées par ce phénomène, comme l’explique le commissaire Malis, chef du service de la voie publique à Orléans, qui intervient dans ce type de cas pour des plaintes de violations de domiciles ou de dégradations : « il y a eu seulement une ou deux interpellations depuis le début de l’année. Il faut savoir qu’il y a très peu de friches industrielles dans la ville ». Au cours de son expérience d’urbexeur, Noé n’a eu affaire à la police qu’une seule fois : « et l’on n’a pas fui car ça aurait aggravé notre cas. Les policiers nous ont simplement demandé de sortir de la maison, et on n’a pas eu d’amende, seulement une petite leçon ». Jeune explorateur de 23 ans, Toni* avoue qu’il a davantage « peur des mauvaises rencontres que des forces de l’ordre. » À deux reprises, il lui est arrivé de tomber sur des personnes qui ont voulu l’agresser. L’urbex peut d’ailleurs rappeler une autre référence cinématographique : Fight Club. À l’image du film de David Fincher, ce loisir comporte des credos stricts à suivre scrupuleusement. La première règle de l’urbex est : ne rien dégrader sur le site. « Il faut que le lieu reste un maximum dans son jus, pour que l’on en prenne plein les yeux quand on arrive. On ne prend rien non plus sur place, on ne touche pas, ce ne sont pas nos affaires, ça reste comme tel », avertit Noé. Une philosophie qui s’oppose à celle des graffeurs, également très présents dans ce genre d’endroits. Il est rare, en effet, de ne pas apercevoir un tag – et donc une empreinte –
sur un mur d’une usine désaffectée. Sur ce sujet, Toni raconte qu’il y a « deux camps : les urbexeurs et les graffeurs. » Selon lui, ces derniers ne vandalisent pas les lieux mais peuvent, au contraire, les embellir par des touches graphiques, personnelles ou colorées. La deuxième règle de l’urbex est : ne jamais révéler les endroits que l’on découvre. Sur les réseaux sociaux, seules des photos des lieux visités sont à contempler, jamais les adresses précises. Il faut, pour les connaître, faire preuve de débrouillardise. « La première chose à faire est de regarder autour de vous lorsque vous êtes sur la route, au feu rouge », conseille l’urbexeur, qui mentionne aussi l’utilité certaine de Google Street View pour sa navigation virtuelle et sa vue panoramique. La troisième règle de l’urbex est : ne jamais partir seul à l’aventure. Des escaliers pourris, des plafonds à deux doigts de s’effondrer, des restes de produits toxiques… Autant de facteurs pouvant mettre les participants en danger. Lors de ses explorations collectives, Noé ne prend jamais de risques et emporte avec lui des gants en faisant toujours attention où il met les pieds, mais concède que la discipline peut s’avérer « relativement dangereuse ». Et qu’elle se pratique à ses risques et périls.

* Les prénoms ont été modifiés 

NB : Contactées dans le cadre de ce dossier, la CCI et la Ville d’Orléans n’ont pas donné suite. 

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