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Pourquoi les médecins d’Orléans se mobilisent-ils ? Analyse de la manifestation et des enjeux pour la profession médicale

Pourquoi les médecins d’Orléans se mobilisent-ils ? Analyse de la manifestation et des enjeux pour la profession médicale

Mardi matin, gare d’Orléans, une vingtaine de médecins de l’Orléanais ont organisé un sit-in avant d’aller manifester à Paris. Selon eux, leur profession est clairement menacée.
G.M
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« Médecins libéraux en voie d’extinction », « Patients en danger », « Santé sacrifiée », « Médecin traitant désuet »… Voilà le genre de pancartes que l’on pouvait lire mardi matin en gare d’Orléans en croisant un convoi de blouses blanches s’apprêtant à se rendre à la manifestation parisienne. Des femmes, quelques hommes, des médecins libéraux mais aussi des internes qui ne mâchaient pas leurs mots face à la loi Rist-2 (voir p.6), qu’ils considèrent « déconnectée de la réalité de leur métier ». La députée du Loiret a ainsi été accusée d’avoir une vision « politique » de la santé, tandis que les médias en ont également pris pour leur grade, suspectés de traiter par un angle uniquement financier les revendications des médecins généralistes. Pour deux praticiennes travaillant à la Maison de Santé pluridisciplinaire (MSP) de l’Argonne, la proposition d’une revalorisation de la consultation d’1,50 € (voir p.6) a cependant été considérée comme la goutte de trop. « Mais l’argent n’est pas le véritable cœur du problème, ont-elles expliqué mardi. Ce qui pose souci, c’est l’accès direct aux Infirmières en Pratique Avancée, aux orthophonistes ou aux kinés sans passer par le médecin. Le risque est de passer à côté des cas graves. Les IPA n’ont pas la même formation qu’un médecin ! Nous pouvons travailler avec des IPA, mais pour des pathologies stabilisées et au sein de structures comme les MSP, où nous travaillons déjà en coordination. »

« Un avion piloté par une hôtesse » 

Mardi, les médecins se moquaient également de la justification de « fluidification » avancée. Car même sans ordonnances, racontaient-ils, les orthophonistes sont déjà totalement saturés… « Et de toute façon, pour un trouble du langage, peu prendront un enfant en charge, s’il n’a pas fait un bilan ORL avant : il faudra donc passer par la case médecin », relevaient certains praticiens, qui estiment également que côté kinés, sans avis du médecin, le danger de l’erreur médicale serait grand. « Honnêtement, prendriez-vous l’avion si c’était une hôtesse de l’air qui le conduisait, même pour aller plus vite ? » illustrait ainsi Natacha Loncarevic-Bellier, médecin à Saint-Ay. Cette généraliste voyait ainsi dans ce nouveau texte une raison supplémentaire de dégoûter les jeunes étudiants en médecine de s’installer en libéral : « On forme chaque année des médecins, ils n’ont pas disparu, ils ne se sont juste pas installés car les conditions sont insupportables, entre les journées à rallonge, les gardes, l’administratif… » En queue de cortège, Christophe Tafani, président de l’Ordre des médecins du Loiret, soulignait l’appel historique de l’Ordre à manifester contre la loi Rist-2. « Nous allons vers une médecine à deux vitesses ainsi qu’une désorganisation des soins », déplorait-il. Outre leur dénonciation du texte en question, des médecins loirétains poussent pour le paiement partiel en amont des consultations afin de faire baisser le nombre de rendez-vous non honorés, qui représenteraient 27 millions de rendez-vous par an en France. « Hier encore, j’en ai eu quatre, observait mardi la docteure Naima Bouraki, de la MSP Liliane-Couppez. Cela concerne même des rendez-vous urgents pris la veille. » Autre piste à envisager, selon eux : favoriser le recrutement d’assistants médicaux pour aider les médecins à dégager du temps médical. « Cela existe déjà, il faut juste les développer, concluait Christophe Tafani. Pas besoin de faire une loi pour cela. »

>> Pas tous (pas) d’accord

Si une majorité des médecins généralistes libéraux semblent effectivement hostiles à la proposition de loi Rist-2, plusieurs organisations d’infirmiers et de kinés concernés par ce texte y sont au contraire plutôt favorables, ce qui n’est guère étonnant, puisque l’accès aux patients leur serait facilitée. Dans un communiqué commun, plusieurs fédérations d’infirmiers ont ainsi dénoncé les « postures d’un corporatisme médical séculaire et autoritaire ». Grosse ambiance entre professionnels de santé… 

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