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Drame en trois actes à la Métropole

Drame en trois actes à la Métropole

Jeudi dernier, le sujet du sport a mis le feu au Conseil métropolitain, qui s’est déchiré pour savoir si les quatre clubs professionnels de la Métropole devaient « revenir » aux communes. Point d’orgue de cette soirée : les élus ont refusé une subvention exceptionnelle de 100 000 € au Fleury Loiret Handball, un choix qui obère très sérieusement le futur du club
Benjamin vasset
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Des débats autour du sport et des clubs professionnels ont embrasé le conseil métropolitain

Un an après un Conseil métropolitain qui avait vu Christophe Chaillou (PS) être mis en minorité par ses anciens alliés orléanais, la Métropole a connu une autre séance particulièrement animée, dont la question du sport professionnel aura été le fil rouge. Dépôt d’amendements, interruption de séance… La soirée aura été agitée et a atteint des records de durée : plus de sept heures de débat, dont l’acmé a été le refus d’une subvention exceptionnelle au Fleury Loiret Handball. Il s’agissait là de la touche finale d’une tragédie en trois actes, que nous avons choisi de rembobiner en partant de la fin. 

ACTE I : le Fleury Loiret Handball ne sera pas « sauvé »

Jeudi dernier, peu avant 1h du matin, le Conseil métropolitain referme peut-être le couvercle sur la tombe du Fleury Loiret Handball : les troupes de Serge Grouard et de Matthieu Schlesinger, respectivement président et premier vice-président de la Métropole, votent contre le versement d’une subvention exceptionnelle de 100 000 € au club de hand féminin. Celui-ci se trouve pourtant, selon Serge Grouard, dans une « situation financière catastrophique », avec « des capitaux propres négatifs de 293 000 € et une dette de 793 000 € » sur la saison 2021/2022. Pour le président de la Métropole, il faudrait délivrer, en plus de cette subvention exceptionnelle, une aide complémentaire de 450 000 € sur les trois prochaines années (trois fois 150 000 €) pour remettre le Fleury Loiret Handball à flots. Une somme que Serge Grouard ne veut pas lâcher, la Métropole étant elle-même, selon lui, dans une situation financière contrainte. 

« Enterrement de première classe »

L’actuelle « majorité » de droite - centre-droit se relaie ainsi pour flinguer le principe de cette subvention exceptionnelle. De Thomas Renault à Matthieu Schlesinger en passant par Florent Montillot, on explique que le Fleury Loiret Handball n’est pas sauvable. « Il faut faire face à la réalité, affirme par exemple Gérard Gautier. Toute entreprise avec un tel bilan serait déjà en redressement, voire en liquidation judiciaire. Nous ne sommes pas là pour tuer le club, mais pour montrer que donner 100 000 €, aujourd’hui, ce serait sûrement à fonds perdus. » Thomas Renault rajoute au débat un argument de taille : selon lui, le Fleury Loiret Handball aurait tout simplement livré l’an dernier des comptes insincères en grossissant, dans son budget, l’argent issu de son partenariat privé ! Les troupes des maires de gauche, et au premier chef la maire de Fleury, Carole Canette, tentent eux de sauver cette subvention exceptionnelle de 100 000 €. « Le FLH ne demande pas un soutien délirant, souligne cette dernière. Il est également loin d’être un club qui se gave de subventions publiques. De plus, le plan de redressement du Fleury Loiret Handball a été validé au printemps dernier par la CNCG (l’instance qui fait office de gendarme financier du handball au niveau national, ndlr). » Christophe Chaillou, le maire de Saint-Jean-de-la-Ruelle, met lui en parallèle les 100 000 € de cette subvention exceptionnelle avec celle de 50 000 € qui va être versée par la Métropole pour accueillir l’équipe de France masculine de handball à CO’Met, le 7 janvier prochain. 

Ces arguments ne suffisent pas pour renverser un vote déjà joué : 45 conseillers métropolitains se prononcent contre le versement de cette aide exceptionnelle. Serge Grouard se veut pourtant rassurant : « Ce n’est pas la mort du petit cheval. » Il précise que si le club professionnel qu’est le Fleury Loiret Handball dépose le bilan, l’association à laquelle il est adossé – le CJF – prendra la suite et pourrait redémarrer, sur le plan sportif, en Nationale 1, soit un échelon en dessous de là où le FLH joue actuellement. En fait, Serge Grouard et sa majorité se refusent d’apparaître comme étant ceux qui enterrent le Fleury Loiret Handball. « Il est désagréable d’entendre que l’on a une responsabilité sur la vie ou la mort de ce club, résume Matthieu Schlesinger. Si le club est aujourd’hui dans cette situation, c’est parce qu’il y a eu des décisions de gestion. Les responsables, ce sont ceux qui ont dirigé ce club pendant cinq ans. » Si la Métropole n’est effectivement pas responsable de la situation financière et sportive du FLH, elle décide pourtant, ce soir-là, de ne pas lui apposer de perfusion. Fin septembre, le club semblait pourtant plutôt confiant sur le déblocage de cette subvention. Mais dans ce dossier, il semble que, depuis des mois, on ait beaucoup joué au poker menteur, comme l’illustrera, le lendemain, le communiqué de presse envoyé par le Fleury Loiret Handball (voir ci-contre). 

ACTE II : Mais au fait, qui s’occupe du sport professionnel ?

Cette question avait déjà contribué, l’an dernier, à « renverser » Christophe Chaillou de la présidence de la Métropole. Un an plus tard, elle fait encore tanguer l’Assemblée métropolitaine, qui s’interroge : que faire des quatre clubs professionnels de haut niveau de l’agglomération orléanaise, dont la compétence avait été transférée à la Métropole sous la mandature d’Olivier Carré ? Depuis qu’il est redevenu maire d’Orléans, Serge Grouard veut « récupérer » l’OLB et l’USO dans le giron de sa commune. Pour une raison notable : « Le résultat de ces compétences transférées à la Métropole » a entraîné selon lui « une dégradation des résultats des quatre clubs ». Christophe Chaillou lui oppose que « ces mauvais résultats viennent d’autres éléments ». Comme le fait qu’il n’y ait jamais eu le moindre projet sportif métropolitain travaillé collectivement et soumis au vote ? « La Métropole n’a pas les compétences sportives, répond Serge Grouard. Elle a juste récupéré la compétence de ces quatre clubs de haut niveau. » Et comme le président de la Métropole se refuse à transférer la compétence « sport » de la municipalité vers l’intercommunalité… 

Fusil à deux coups ?

Jeudi dernier, le Conseil métropolitain doit ainsi voter le retour de l’OLB et de l’USO dans le giron de la Ville d’Orléans… mais également la conservation des Septors de Saran et des Panthères de Fleury dans le périmètre de la Métropole, au motif que les communes de Saran et de Fleury-les-Aubrais ne souhaitent pas « récupérer » en direct « leurs » clubs : ces Villes n’en auraient pas les moyens. Maryvonne Hautin, la maire de Saran, explique en conseil très mal vivre le fait que la Métropole veuille se « débarrasser » des clubs professionnels après se les être appropriés il y a quelques années : elle en a, dit-elle, marre des « caprices » de l’intercommunalité. 

Au cœur de ce débat déjà bien animé, un coup de théâtre vient rajouter une saveur particulière : un amendement du groupe de Matthieu Schlesinger, arrivé 40 minutes avant le début de la séance, demande en creux que tous les clubs professionnels, et pas seulement l’USO et l’OLB, retournent aux communes ! « Un audit récent a rappelé que cette compétence sur les clubs de haut niveau n’était pas exercée de façon pertinente au niveau métropolitain », argue le maire d’Olivet. Pourquoi le premier vice-président de la Métropole agit-il de la sorte ? Veut-il prendre son indépendance vis-à-vis de Serge Grouard ? Ou un « coup » a-t-il au contraire été préparé à l’avance avec le président de la Métropole pour forcer les maires de gauche à reprendre leurs clubs respectifs, et à les faire ensuite passer pour indirectement responsables du lâchage du Fleury Loiret Handball (voir plus bas) ? Christophe Chaillou paraît pencher pour cette option et s’agace de la méthode utilisée : il ne comprend pas qu’un amendement déposé 40 minutes avant le début du Conseil métropolitain vienne mettre à mal ce qui avait été selon lui acté, une semaine plus tôt, en conférence des maires. Serge Grouard, lui, nie toute implication dans la démarche de son premier vice-
président, contre laquelle il finira par voter, après une interruption de séance de plus de trente minutes. En fin de compte, l’USO et l’OLB « reviennent » donc à la Ville d’Orléans, et les deux clubs de handball « restent » à la Métropole. Une Métropole qui, deux heures plus tard, refusera une subvention exceptionnelle au Fleury Loiret Handball… « Si on met ces deux décisions côte à côte, on ne comprend rien à ce conseil métropolitain », dira plus tard l’élu socialiste Baptiste Chapuis. « J’avais proposé en conférence de maire à la Ville de Fleury qu’elle reprenne le club, et la Ville d’Orléans se serait engagée à le soutenir avec une participation financière, sous forme de contractualisation. Mais Fleury n’a pas voulu de cette solution », rappelle Serge Grouard. Là encore, toutes les cartes ne semblent pas avoir été livrées au grand jour dans cette nouvelle partie de poker. Christophe Chaillou trépigne : « Ce qui met mal à l’aise, c’est que l’on navigue en fonction des desiderata de la Ville d’Orléans !  »

ACTE III : quand CO’Met revient sur la table… 

À peine inauguré, le nouveau grand équipement de la Métropole, qui doit accueillir de gros événements sportifs et les matchs de l’OLB, revient de nouveau, jeudi dernier, dans la polémique. En cause, une nouvelle rallonge de 6 M€ que l’intercommunalité devra investir (travaux d’aménagement des abords, aménagement des vestiaires, connectivité…) Jeudi dernier, en Conseil métropolitain, Christophe Chaillou relève cette ligne de crédit et s’interroge sur les coûts futurs de fonctionnement. « Les équipes de France de hand, de volley et de basket vont venir, mais à quel prix ?, questionne le maire de Saint-Jean-de-la-Ruelle. 50 000 € vont être dépensés par la Métropole pour le hand, mais il faudra sûrement mettre la main au pot, à l’avenir, pour d’autres événements. » Serge Grouard confirme cette somme, mais explique qu’il faut bien « faire vivre cet équipement », et donc financer la tenue d’événements sportifs. « Sinon, la solution serait-elle de dire : on ne fait rien à CO’Met, on ne fait pas de sport ? demande le président de la Métropole. On sait depuis le début qu’il faut mettre des sous dans CO’Met. » « Dans quel budget cette somme (de 50 000 €) va-t-elle être prise ? Il est urgent de disposer des éléments sur l’impact de cet équipement », s’inquiète de nouveau Christophe Chaillou, bientôt rejoint par la maire de Saran, Maryvonne Hautin : « Sur CO’Met, il va falloir arrêter et poser les chiffres. Combien cet équipement va-t-il nous coûter ? » Serge Grouard promet qu’un débat public aura lieu en janvier prochain sur le sujet.

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