La gauche française a visiblement un petit souci avec les questions attenant à l’identité. Dernier exemple en date : la polémique née autour des prétendues réunions « non-mixtes » du syndicat étudiant UNEF. Très vite après la révélation de cette « affaire », la droite s’est tout de suite engouffrée dans une brèche qui avait été ouverte quelques semaines plus tôt par la Ministre de l’Enseignement supérieur sur « l’islamo-gauchisme ». La gauche, qui s’était déjà pris les pieds dans le tapis, sous François Hollande, lors du débat sur la déchéance de nationalité, est, elle, encore tombée dans le piège à cons. Et dans cette polémique à gros sabots, c’est la personnalité la plus novice en politique, Audrey Pulvar, ancienne journaliste invitée en 2015 aux Fêtes Johanniques et candidate aux Régionales en Ile-de-France, qui a signé le plus bel atterrissage sur les genoux en tentant de justifier le fait qu’en France, on puisse – si, si – participer à des réunions « mixtes », mais en fermant sa gueule. Donc maintenant, on règlemente les comportements selon la couleur de peau ? On a beau retourner le problème dans tous les sens, rien n’y fait : le racisme n’est pas à géographie variable, ou alors il n’y a plus de lutte contre le racisme.
Pour regagner un terrain qu’elle ne cesse de perdre depuis dix ans, il faudrait que la gauche se regarde dans la glace, cesse enfin de glisser sous le tapis certaines questions qui (la) dérangent et adopte une position sans nuances sur ces débats d’identité qui lui pourrissent le logiciel idéologique depuis des lustres. Car elle a beau se perdre en alliances à géométrie variable en vue des prochaines élections régionales, elle n’arrivera à rien si toutes les partis et mouvements qui la composent n’adoptent pas des positions claires et inflexibles sur ces thèmes où elle se vautre toute seule sans qu’on l’y pousse beaucoup.
