Vendredi dernier à 17 h, une longue file d’attente patiente encore devant les locaux du Secours Populaire, à La Source. Respectant les règles de distanciation physique élémentaires, ces étudiants doivent subir, pendant plusieurs minutes, une pluie qui glace les os avant de faire examiner leur situation financière : leur plafond de ressources du moment décidera s’ils ont droit de repartir avec quelques légumes secs, des féculents, des conserves et, éventuellement, des fournitures scolaires. Plusieurs produits d’hygiène sont également à récupérer : ils sont offerts aujourd’hui par Orléans Métropole, qui a acheté pour 2 000 € de shampoings, gels douche, gel hydroalcoolique, masques, etc. et les a livrés directement.
Christophe Chaillou, le président de l’intercommunalité orléanaise, est là pour montrer que la Métropole combat activement la précarité des étudiants dans la crise que nous traversons. « C’est une petite contribution que nous apportons, dit-il, mais c’est une contribution pragmatique. Une Métropole, ce ne sont pas que des grands projets, ce n’est pas que du sport de haut niveau. Nous sommes une Métropole inclusive, qui doit être en soutien là où ça ne va pas bien. »
« Leurs économies sont épuisées… »
Christophe Chaillou a pu se rendre compte, de visu, que ça n’allait pas bien du tout pour certains étudiants du campus de La Source. La crise de 2020, mais pas que, est particulièrement rude pour eux. « Le profil type que l’on voit aujourd’hui, c’est l’étudiant étranger non-boursier, que les parents n’arrivent plus à soutenir financièrement, souligne un salarié du Secours Populaire. Avec le confinement et le contexte économique, certains, non plus, ne peuvent plus compter sur des petits boulots. » Moralement, ce n’est pas la bamboche non plus, puisque s’ajoute à ces difficultés matérielles l’arrêt des cours en présentiel, qui a renforcé le sentiment d’isolement. Le retour sur les bancs, potentiellement prévu au mois de février, est une échéance sur laquelle ont encore du mal à se projeter ces étudiants.
Le 13 novembre dernier, déjà, une distribution similaire à celle de vendredi dernier, avait eu lieu. Elle avait cependant été un peu plus discrète car, depuis le printemps dernier, le CROUS et l’Université n’aiment pas trop qu’on les chatouille sur leur politique d’accompagnement des étudiants en difficulté. Cela étant dit, la semaine dernière, les bénévoles du Secours Populaire ont pu constater que les bénéficiaires de la distribution étaient, le 4 décembre, encore plus nombreux que le mois précédent. À partir de janvier, ces opérations devraient d’ailleurs se tenir à intervalles moins espacés, tous les vendredis après-midi. Pour le 24 décembre, l’association planche sur une distribution un peu plus haut de gamme, avec des produits ou des repas préparés par des traiteurs locaux. La Ville d’Orléans pourrait y être associée. En attendant, le Secours Populaire, qui peut déjà bénéficier du concours de certains agriculteurs locaux – comme l’entreprise Kultive, de Sandillon – ne serait pas contre recevoir d’autres soutiens, d’entreprises éventuellement. « La laiterie de Saint-Denis-de-l’Hôtel, par exemple, ce serait pas mal… »
À bon entendeur.