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Personnes immigrées à Orléans : Le problème, ce n’est pas eux…

Personnes immigrées à Orléans : Le problème, ce n’est pas eux…

Depuis 1983, l’Asti (Association de Solidarité avec Tous les Immigrés) propose un accompagnement juridique et administratif aux personnes de nationalité étrangère. La Tribune HebdO a passé un après-midi au sein de l’antenne orléanaise, située près de l’Argonne, qui doit résoudre imbroglios et improbables casse-têtes…
hugo de tullio
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Personnes immigrées à Orléans Le problème ce n’est pas eux

13h50 en ce mardi après-midi ensoleillé : Vanessa, lunettes de soleil sur le nez et bénévole à l’Asti depuis un an, est en avance pour son rendez-vous de 14h. Le temps de présenter les locaux dépouillés de toute décoration, dans lesquels se trouvent quatre bureaux et autant d’ordinateurs. L’occasion aussi de rencontrer Janine, présidente de l’association âgée de 72 ans, qui rappelle les missions de l’Asti : « on s’occupe de la constitution des dossiers des personnes qui viennent ici, de la régularisation et du renouvellement de leur situation. » En d’autres  termes, il faut que ces immigrés « puissent vivre de façon régulière en France, mais être aussi respectés en tant qu’êtres humains. » 

Parmi ces derniers, « ce sont des gens en précarité sociale, que ce soit au niveau de l’argent, de la langue ou de l’intégration. Ils partent parce qu’ils sont en danger, ou exploités dans leur pays. Ils ont envie d’un avenir meilleur », relate Janine. En face de ces demandeurs, tous les bénévoles de l’Asti sont formés au Gisti (Groupe d’information et de soutien des immigrés). Sont concernés Pierre et Gérard qui arrivent à leur tour. La permanence, qui dure jusqu’à 17h, peut commencer.

Beaucoup de demandes… 

14h : premier rendez-vous pour Janine, qui reçoit une Marocaine de 35 ans, venue pour demander un titre de séjour pour son mari d’origine espagnole. Cette maman de quatre enfants a déjà un compte enregistré à la Préfecture, mais ne se souvient plus de son mot de passe. Il faut alors recommencer avec une nouvelle adresse mail. Du temps perdu, déplore Janine : « 100% des démarches en Préfecture se font en ligne, ce n’est pas légal, pense-t-elle. C’est infernal, on fait leur travail ! » Par exemple, cette ancienne professeure des écoles ne comprend pas l’absence d’ordinateurs au sein de la Préfecture, avec un accompagnateur qui pourrait aider les personnes qui voudraient s’inscrire, comme à Pôle Emploi. « La Préfecture laisse ce public se débrouiller. Seules deux associations sont là pour régler leurs problèmes administratifs : la Cimade et l’Asti », peste Janine, qui se désole en outre de la politique migratoire de la France : « Tout se mélange, l’asile et la migration, alors que ce n’est pas la même chose. On ferait mieux de rouvrir les frontières, donner des visas et laisser les gens venir voir ce qu’ils peuvent faire ici… »

14h30 : nouveau rendez-vous pour Vanessa, qui prend en charge un Marocain de 49 ans en instance de divorce. C’est la troisième fois que ce père de famille se rend à l’Asti pour la même raison : obtenir une demande de circulation pour mineurs. En effet, il voudrait pouvoir partir cet été au Maroc et a besoin de ces papiers pour que ses enfants puissent voyager. Mais n’ayant plus de contact avec la maman des petits, ce quarantenaire peine à détenir un dossier complet… La bénévole de 34 ans décide alors d’envoyer un courrier à la mère de famille pour lui demander les papiers nécessaires. Une action qui fait écho à ce que nous dit Janine : « on est un peu les « assistances sociales » du public étranger. »

15h passées, deux femmes pénètrent dans la permanence de l’Asti. Vanessa les prend en charge mais Janine, électron libre passant de bureau en bureau au fil de l’après-midi, la seconde. L’une des bénéficiaires parle français, l’autre non. Souriante et dynamique, la première vient aider son amie à obtenir un titre de séjour et a déjà fait toutes les inscriptions nécessaires à la Préfecture : « il faut avoir une grande patience… » Face à elles, les deux bénévoles leur affirment que le dossier est complet. Vive émotion pour la demandeuse, qui embrasse la personne venue l’accompagner ! Et tant pis, cette fois, pour les gestes barrières…

 … et d’attente

Vers 16h, un homme originaire du Soudan vient pour demander un titre de séjour pour sa femme, arrivée en France il y a deux mois dans le cadre d’un regroupement familial. Casquette noire vissée sur la tête, il doit rappeler son épouse pour connaître précisément la date à laquelle elle est arrivée ici. Sinon, son dossier sera incomplet. Et mieux vaut mettre toutes ses chances de son côté, car comme le rappelle la présidente de l’Asti, « certains agents de la Préfecture ne sont pas toujours au point avec le droit des étrangers. Ils peuvent par exemple nous demander des documents déjà envoyés. » Forte de son expérience à l’Asti et de plus de 1 400 entretiens passés au sein de l’association en 2019, Janine stipule que certains dossiers mettent plus d’un an et demi à être traités : « certains ayant fait leur demande en novembre 2019 n’ont toujours pas de régularisation… C’est un peu lamentable de traiter ces personnes de cette façon, car pendant ce temps-là, ils n’ont aucun droit au travail ou au logement ». 

Entre-temps, un jeune homme entre dans les locaux et essaye de s’adresser en anglais à l’un des quatre bénévoles, mais il n’a pas de convocation. Pourtant, depuis l’arrivée de la Covid-19, tous les entretiens à l’Asti se font exclusivement sur rendez-vous, lors de permanences mises en place les mardis et jeudis. Lançant difficilement quelques mots d’anglais, Janine lui explique qu’elle et son équipe ne peuvent pas l’accueillir aujourd’hui, faute de temps et de place sur l’agenda. Le dialogue entre les deux paraît brouillon, mais la présidente affirme que « la barrière de la langue n’est pas si compliquée, car la plupart des gens viennent avec des compatriotes qui parlent français. »

17h : les rendez-vous se terminent progressivement, excepté celui de Pierre, qui se prolonge un peu. Fatiguée de devoir gérer toutes les demandes de rendez-vous par mail depuis maintenant plusieurs mois, Janine prévoit de fermer l’Asti pendant toute la période estivale, « pour lâcher un peu de pression. » En attendant, de nouvelles permanences seront encore assurées deux fois par semaine, jusqu’au mois de juillet.

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