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Des maires face au fléau des incivilités

Des maires face au fléau des incivilités

À l’initiative de la direction générale de la gendarmerie, depuis fin 2020, des séances de formation pour mieux gérer les incivilités sont proposées aux maire et élus qui se portent volontaires. 150 personnes ont déjà été formées dans le Loiret. 
Hugo De Tullio
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Francis d’Hulst, Jean-Claude Girard, Philippe Becheau… Tous ces maires ont été victimes d’agressions violentes ces dernières années en France. On se souvient, aussi, de la mort en 2019 de Jean-Mathieu Michel, élu de Signes, dans le Var : il avait été renversé par une camionnette alors qu’il voulait verbaliser ses occupants, en train de déposer illégalement des gravats. Ces attaques à répétition semblent se confirmer par les statistiques. Selon le colonel
Olivier Médard, conseiller aux affaires territoriales pour la gendarmerie, les menaces et les agressions (verbales et physiques) envers les élus ont triplé en France entre 2019 et 2020. Et deux tiers de ces agressions se produisent dans des relations directes avec un administré : « on va dire qu’on observe une défiance croissante envers toute forme d’autorité, parfois exprimée de manière très violente, analyse le colonel Médard. Quand un administré rencontre un problème, le primo-interlocuteur va être souvent le maire, qui devient le primo-intervenant ». Élue depuis 20 ans à Aulnay-la-Rivière, dans le Pithiverais, Véronique Lévy s’est souvent retrouvée devant « des citoyens mécontents ». Et lorsqu’elle fut présidente de la communauté de communes, elle raconte « avoir été agressée systématiquement par des administrés » qui se plaignaient notamment d’impôts trop élevés… À bien y réfléchir, cette septuagénaire n’est cependant pas sûre qu’il y ait plus d’incivilités qu’avant : « les gens ne sont pas forcément plus agressifs, mais ce ne sont peut-être pas les mêmes mécontentements… Finalement ce qu’on a un peu perdu, c’est le respect. »

Savoir « désamorcer un conflit »

Pour faire face à ce phénomène, la gendarmerie du Loiret a lancé au printemps dernier des séances de formation à destination des maires et des élus, afin de mieux gérer les incivilités auxquelles ils peuvent être confrontés : problèmes de voisinage, nuisances sonores, dépôts sauvages, etc… Le programme a été conçu par la Cellule nationale de négociations du  Groupe d’intervention de la Gendarmerie natio­nale (GIGN). « C’est concret, de haut niveau et vraiment adapté », se félicite le colonel Médard, qui pilote lui-même ces séances. Pour dispenser ces dernières, la gendarmerie de la région a des négociateurs répartis sur l’ensemble du territoire. Les formations durent environ trois heures et sont divisées en deux parties distinctes. D’abord, la théorie, puis la journée se poursuit par des cas concrets avec mise en situation, pour passer à la pratique.

L’idée est de donner des clés de compréhension aux maires et aux élus afin de savoir comment « désamorcer un conflit, faire baisser la tension, faciliter la communication et recréer un lien avec un habitant  », énumère le militaire. La formation doit également permettre aux participants de savoir s’ils doivent traiter, ou non, une situation qui peut s’avérer potentiellement dangereuse. Doivent-ils appeler la gendarmerie, ou estiment-ils que leur sécurité est assurée pour pouvoir intervenir seuls ?

« Pas de formation pour devenir maire… »

Ayant déjà formé avec ses collègues plus de 150 élus dans le département du Loiret, le conseiller aux affaires territoriales parle d’un « succès avéré ». S’étant portée volontaire pour réussir à mieux gérer les incivilités rencontrées durant son mandat, Véronique Lévy, maire d’Aulnay-la-Rivière, ne sait pas si ces séances vont vraiment enrichir son expérience, « parce que finalement, on apprend sur le terrain : il n’y a pas réellement de formation pour devenir maire… » Par cette formation, cette maire de terrain a cependant souhaité s’assurer que ce qu’elle faisait au quotidien allait dans le bon sens, elle qui a fait de l’écoute et de la patience deux compétences primordiales. Malgré tout, Véronique Lévy ne se dit pas infaillible, loin de là : « ce qu’a fait le maire de Signes, je l’ai fait aussi, j’ai pris une photo d’un dépôt sauvage. On ne réfléchit pas toujours… » D’où l’importance de ces formations qui permettent d’anticiper tous types d’agressions. Ces formations proposées par la gendarmerie confirment le fait que les élus entretiennent des relations privilégiées avec les forces de l’ordre. Cette offre vient en effet s’ajouter à d’autres services déjà bien en place. Par exemple, depuis plusieurs années en cas de problèmes, « chaque maire a un numéro de téléphone d’un correspondant privilégié. À tout moment, il peut entrer en contact avec un militaire de la gendarmerie », explique le colonel Médard. Enfin, ces nouvelles formations ne sont pas limitées dans le temps : « elles continueront d’être dispensées tant qu’il y aura des besoins », conclut le gendarme.

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