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Votre eau potable au crible

Votre eau potable au crible

L'UFC-Que choisir vient de publier sa nouvelle étude et sa carte interactive de la qualité de l'eau du robinet. Même si globalement, celle-ci s'améliore, des problèmes sont aussi pointés du doigt, comme un niveau assez conséquent de nitrates dans certaines zones du département, que l’association met en relation avec les zones… d’agriculture intensive. 
Gaëla Messerli
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Prend-on des risques en consommant l’eau du robinet ? Non, semble répondre d’emblée Françoise Pilard, la présidente de l’antenne UFC-Que Choisir Orléans. « L’eau est plutôt bonne dans la métropole d’Orléans, dit-elle, mais il reste un secteur à problèmes au nord du département. » Cependant, tout n’est pas résolu. Parmi les substances qui peuvent poser problème, l’association de consommateurs pointe des soucis de « pesticides et de perturbateurs endocriniens. Mais le problème plus important reste les nitrates. »

Selon l’enquête d’UFC Que-Choisir (réalisée avec Générations futures), les principales zones où l’eau est « contaminée en pesticides correspond aux zones de cultures intensives ». Et le Loiret, comme l’Eure-et-Loir, figurent sur les cartographies comme des « zones de grandes cultures céréalières ». Le même constat est délivré pour les nitrates. Outre les usages de produits phytosanitaires et d’intrants, Françoise Pilard estime « qu’au niveau des captages, à certains endroits, nous avons à faire à des terrains privés, où l’intervention de la commune est impossible. Tant qu’il n’y a pas de loi et qu’une autorisation est donnée, on ne peut rien faire. »

Nitrates et pesticides

Du côté de l’ARS Centre-Val de Loire, Vincent Michel, le responsable de la cellule « eau potable » pour le Loiret, tempère cette donnée : « la contamination des eaux en nitrates n’est pas un problème très important » dans le département. « Il l’est plus en Eure-et-Loir que dans le Loiret, affirme-t-il. Et il reste encore certaines non-conformités pour les nitrates comme pour les pesticides. » En 2019, dans des données publiées par l’ARS Centre-Val de Loire, 3 949 habitants et 9 unités de distribution dans le Loiret étaient concernées par des teneurs moyennes en nitrate supérieures à 50 mg/l. Un nombre qui était alors en légère hausse par rapport à la tendance baissière observée entre les années 2011 et 2017 (1 941 habitants alimentés par 6 unités délivrant une eau non-conforme en nitrates en 2017). Pour rappel, la France a été mise en demeure en octobre dernier par la Commission européenne de « mettre en œuvre la législation de l’UE relative à la qualité de l’eau ».

Pour les pesticides, le nombre d’habitants concernés par une eau non-conforme en 2019 était de 36 943 (21 unités de distribution) dans le Loiret, soit beaucoup moins qu’en 2018 (91 070 habitants et 32 unités de distribution). Une hausse sensible avait été observée en 2018, qui s’expliquait par la recherche de nouvelles molécules issues de la dégradation du métolachlore et du métazachlore (herbicides). « La problématique des pesticides est particulière, car il y a plusieurs familles et différents modes de culture, décrypte Vincent Michel. Certaines molécules peuvent rester longtemps présentes. C’est le cas de l’atrazine, qui est interdit depuis 2003. L’industrie chimique crée de nouvelles molécules et l’on voit aussi certains problèmes récents, comme avec le métolachlore et le métazachlore. »

Françoise Pilat, la présidente de l’UFC-Que Choisir Orléans, relève également dans l’eau potable la présence « de sélénium, qu’on ne trouve cependant pas partout dans notre région. » Le sélénium est un composant des roches profondes « dont la présence dans les eaux révèle l’épuisement des nappes phréatiques, notamment du fait de l’irrigation », mentionne le rapport de l’association de consommateurs. « Ses conséquences sur la santé sont à ce jour mal évaluées au regard des faibles niveaux auxquels est exposée la population française. » Selon ce même rapport, le sélénium a été retrouvé dans 77 communes françaises, et plus précisément « dans des départements qui sont localisés dans des zones de grandes cultures et pour lesquels on relève de fortes consommations agricoles de l’eau des nappes phréatiques pour l’irrigation : Essonne, Eure-et-Loir, Indre, Loiret, Marne, Seine-et-Marne et Vienne. »

Sur ce point, Vincent Michel, le représentant de l’ARS-Centre-Val de Loire, estime que l’association de consommateurs fait un raccourci. « Il y a des collectivités qui vont chercher leur eau plus en profondeur, car celle-ci est moins contaminée, oppose-t-il. Le sélénium est présent dans le milieu. Ce n’est pas une molécule très dangereuse, c’est une question de dosage. D’ici deux ans, avec les changements de réglementation, il ne devrait plus y avoir de non-conformité. On demande cependant aux collectivités d’informer les habitants des communes concernées afin qu’ils ne prennent pas de compléments en contenant. »

Plomb et chlorure de vinyle

La qualité de l’eau potable dépend aussi des réseaux. Pour Vincent Michel, la question du plomb existe ainsi dans le département, mais « de manière très ponctuelle. Elle est le résultat d’anciens branchements en plomb entre la canalisation et le compteur du particulier. Même si cela diminue, il en reste encore à supprimer. Chaque année, au niveau d’Orléans, entre 500 et 1 000 branchements de ce type sont d’ailleurs refaits ». Dernière interrogation : le chlorure de vinyle monomère, l’un des constituants du PVC. Celui-ci est présent dans l’eau potable à cause de « canalisations anciennes, dont la qualité de fabrication n’était pas la même qu’aujourd’hui, détaille Vincent Michel. On retrouve cette problématique dans tout le département, mais beaucoup moins dans des centres urbains, pour des raisons de temps de séjour dans les canalisations. Les recherches sont assez récentes sur ce sujet, mais cela reste une problématique actuelle. »

Plus d’infos
www.quechoisir.org/carte-interactive-qualite-eau-n21241/
www.centre-val-de-loire.ars.sante.fr/qualite-de-leau-potable-en-2019

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