Celui qui dirait non

À quelques jours du début de la Coupe du monde de football au Qatar, le ballon le plus médiatisé de la planète ne tourne décidément plus très rond. En France, c’est même, depuis quelques mois, la grande foire au n’importe quoi : révélation de comportements scabreux au plus niveau de la Fédération, agression en bande organisée au sein de l’équipe féminine du Paris Saint-Germain, menaces, chantages et coups tordus… Le foot professionnel sent sérieusement le fumier alors qu’il n’a jamais drainé autant d’argent et d’intérêts politico-financiers. Dans ce contexte, la tenue du plus grand événement mondial dans un pays à la tradition sportive aussi peu établie que le Qatar fait jaser, d’autant plus que les conditions d’attribution de cette Coupe du monde et la manière dont le richissime État du Golfe a traité les ouvriers venus d’Asie pour construire ses stades climatisés est une insulte aux droits humains élémentaires. Tout cela, Kylian M’Bappé le sait, mais cela ne l’empêche pas d’avoir signé l’été dernier avec le Qatar – via son club, le Paris Saint-Germain – un hallucinant contrat de trois ans qui lui permettra de palper plus de 600 M€ ! Une somme totalement inconcevable, dont certains esprits pragmatiques disent qu’elle ne reflète que la loi du marché, mais un marché qui marche complètement sur la tête, au sein duquel de nombreux vautours se goinfrent et dont profitent, en premier lieu, une poignée de stars internationales aux revenus annuels dépassant de très loin celui du PDG de Total. On peut toujours rêver à un plafonnement des salaires, mais on aimerait surtout croire, un jour, à la prise de conscience individuelle d’un attaquant qui accepterait d’être lancé dans le vide et comprendrait que les sommes qu’il touche ne sont plus défendables. Bref, un type qui se contenterait d’émoluments raisonnables, dans un monde qui ne peut plus continuer à amasser toujours plus. Kylian, si tu m’entends…