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Il volait son oncle de 93 ans…

Il volait son oncle de 93 ans…

La semaine dernière, un Fleuryssois était jugé au Tribunal judiciaire pour abus de confiance au préjudice d’une personne vulnérable commis du 1er octobre 2021 au 28 juin 2022. Récit d’une triste histoire familiale, qui a donc vu un « jeune homme » de 63 ans voler son oncle de 93 ans…
Gaëla Messerli
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Avec son casier judiciaire vierge et sa compagne présente à ses côtés dans la salle du Tribunal judiciaire d’Orléans, Patrick*, retraité de 63 ans, n’a pas les allures d’un escroc de haut vol. Mais dès le début de l’audience au cours de laquelle il est jugé, on comprend vite qu’il existe un certain malaise en écoutant la juge se demander si la victime est désormais placée sous tutelle. La victime en question, c’est Robert*, 93 ans, qui n’a plus toute sa mémoire. Interrogé sur les différentes sommes qui ont été débitées régulièrement dans des distributeurs de banque comme dans des magasins parfois un peu incongrus – un institut de beauté, par exemple… –, ce veuf de fraîche date a répondu préalablement aux enquêteurs qu’il ne se souvenait de rien. Il s’est même étonné de l’ampleur des sommes débitées… « 64 000 €, ça fait quand même beaucoup d’argent, a-t-il lâché aux policiers venus l’interroger. Parce que moi, j’achète uniquement quelques bricoles et mon journal… » Depuis la mort de son épouse, quelques mois plus tôt, c’est en effet Patrick, son neveu par alliance, qui gère ses affaires et vient manger tous les soirs chez lui avec sa compagne. Et vraisemblablement pas par seule bonté d’âme ou dans le seul but de soutenir un vieil oncle esseulé…

« J’ai  tout donné à mon neveu  », constate le nonagénaire

« J’ai un peu débordé », avoue ainsi le prévenu à la barre du Tribunal judiciaire d’Orléans. Ironie de l’histoire, c’est sa petite-nièce qui a découvert le pot aux roses après que Patrick a pris soin de couper son oncle du reste de la famille… « Le numéro de téléphone de Robert avait été changé, il ne pouvait donc être vu qu’en présence de son neveu », relate la juge à partir des témoignages familiaux, en pointant également le fait que Patrick a fait déplacer les comptes de son oncle… dans sa propre banque ! Parmi les éléments qui ont également mis la puce à l’oreille de la famille, il y aurait aussi eu cette petite phrase prononcée comme boutade par le vieil homme : « J’ai tout donné à mon neveu ! » Vigilante, la banque a aussi fini par alerter le procureur, déclenchant ainsi l’ouverture d’une enquête. « J’aurais dû remettre l’argent », reconnaît Patrick lorsque la présidente lui demande si celui-ci était pour ses vieux jours. « Que serait-il resté, dans quelques mois, des économies de votre oncle ?, s’interroge la juge. Et s’il avait (eu) besoin d’aller en EHPAD ? Quand vous seriez-vous arrêté ? »

« Je ne peux pas le voir en cachette ? »

Depuis la mise en examen de son neveu, Robert n’a plus le droit de le voir et selon l’enquête sociale, la victime est isolée et déboussolée : elle aurait même demandé à une enquêtrice si elle ne « pouvait pas le (Patrick) voir en cachette… ». L’avocate du vieil homme – qui ne bénéficie pas encore d’une tutelle – rappelle qu’avant le décès de sa tante, Patrick n’était pas proche de son oncle et qu’il s’en était soudainement rapproché : pour elle, le siphonage des économies de Robert était donc prémédité. Patrick, qui finit l’audience dans un sanglot, assure pourtant le contraire, alors que son avocate plaide que son client « n’a pas cherché à dissimuler l’argent : il s’est octroyé, en somme, la qualité d’héritier avant l’heure, alors qu’il n’en avait pas le droit ». Ces explications ainsi que les larmes – sincères ou de crocodile ? – du prévenu ne convainquent en tout cas pas le tribunal, qui condamne Patrick à 6 mois de prison avec un sursis probatoire de deux ans ainsi qu’à une amende de 3 000 €, en plus du remboursement des sommes détournées. Une interdiction de rentrer en contact est également prononcée et un renvoi sur intérêts civils est prévu concernant le préjudice subi par le vieil homme.

* Les prénoms ont été modifiés. 

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