Même si le seuil d’alerte a été dépassé, le département du Loiret n’est pas, actuellement, dans une deuxième vague similaire à ce qu’il a connu au début de l’épidémie de Covid-19. C’est en tout cas l’analyse que font les professionnels de santé et les autorités sanitaires locales. Pour le docteur Thierry Prazuck, chef de service des maladies infectieuses et tropicales au CHRO, « nous ne sommes pas, pour le moment, dans une deuxième vague, comme ce que l’on a pu connaître au printemps. Les clusters sont essentiellement liés à des rassemblements familiaux. La majorité des personnes testées positives sont asymptomatiques, ou peu symptomatiques. La semaine dernière, il y a eu une poussée aux urgences de suspicions de cas de Covid-19, et l’on s’est posé la question de rouvrir l’unité Covid de l’hôpital. Mais, pour le moment, ce n’est pas nécessaire. » Joint mardi matin, Thierry Prazuck indiquait « n’avoir pas admis de nouveau patient, depuis lundi soir, dans notre service ».
« Rester responsables »
« Le cluster de La Source est le plus important que nous ayons recensé mais, dernièrement, il n’y en a pas eu d’autres, abondait ce lundi Christophe Lugnot, directeur de cabinet de l’ARS Centre-Val de Loire. Le taux d’incidence est un indicateur, mais la surveillance reste la même. Il y a juste eu la mise en place plus généralisée de tests de dépistage (voir colonne ci-contre). On réfléchit, avec les collectivités, à en organiser d’autres d’ailleurs. » Les tests organisés sur la base du volontariat ont, pour l’instant, eu du succès « dans toute la région ». À Orléans, la semaine dernière, près de 1 500 personnes sont par exemple venues se faire dépister au dispensaire Porte-Madeleine, et 950 à
La Source.
Point de reconfinement en vue ni de rentrée scolaire décalée, rassurent ainsi les autorités, qui recommandent cependant de « ne pas baisser la vigilance au niveau des gestes barrières », insiste l’ARS Centre-Val de Loire. Alors que les rassemblements familiaux sont nombreux (pour rappel, les rassemblements même amicaux de plus de 10 personnes dans l’espace public – forêts, bords de Loire compris – font l’objet d’une déclaration préalable en préfecture), Christophe Lugnot ajoute que c’est à « chacun d’être responsable », quitte à reporter un événement ou, sinon, à s’assurer que les gestes barrières sont appliqués et en évitant les contacts. Le chef de service des maladies infectieuses et tropicales du CHRO estime ainsi qu’il « faut mettre le masque dans les lieux confinés » et insiste, aussi, « sur la solution hydroalcoolique. »
« La chloroquine ? Ça n’a rien donné d’extraordinaire… »
L’infectiologue Thierry Prazuck tient également à remettre des chiffres dans un contexte plus large. « 6 à 10 % de la population française a eu la Covid-19. Ce n’est pas 150 000, mais plus de 3 millions de personnes en France qui ont été contaminées. Pour le Loiret, on doit être aux alentours de 5 %. » Aujourd’hui, au niveau de l’hôpital orléanais, sur 100 personnes testées « trois ou quatre mois après leur infection, 92 % ont une immunité contre le virus. Les personnes qui l’ont perdue sont en général immunodéprimées ou sous chimiothérapie lourde. Des tests à six mois sont encore prévus cet automne. »
Concernant l’arrivée d’un vaccin contre la Covid-19, Thierry Prazuck dit toujours « attendre les essais cliniques. Actuellement les patients, s’il y a besoin d’oxygène, sont sous corticoïdes. On a essayé la chloroquine, mais cela n’a rien donné d’extraordinaire… »