|
|
Les psys ont mal au crâne

Les psys ont mal au crâne

Alors qu’ils n’ont jamais paru autant nécessaires dans cette période de crise sanitaire, les psychologues s’inquiètent de certaines réformes envisagées par l’exécutif et qui toucheraient à l’organisation de leur pratique. Ils vont se faire entendre dans les rues d’Orléans, jeudi prochain. 
Benjamin Vasset
Partager sur facebook
Partager sur twitter
Partager sur linkedin
Partager sur email
Partager sur whatsapp

Ce n’est pas tous les jours qu’on voit les psys battre le pavé. « Ça faisait dix ans qu’on n’avait pas manifesté… », témoigne Kathleen Huré-Grand, psychologue à Chaingy et représentante de la Fédération Française des Psychologues et de la Psychologie en région Centre-Val de Loire. Le 10 juin, prochain, elle et ses confrères manifesteront dans de nombreuses villes de France, dont Orléans, où ils se rendront devant le siège de l’ARS. Ce jour-là, eux qui ont l’habitude d’écouter comptent bien se faire entendre…

Pourquoi les psys sont-ils si chafouins ? La principale revendication de cette « mobilisation inter-organisationnelle » concerne la problématique de l’accès aux soins. « Depuis trois ans est expérimenté dans certains territoires un nouveau parcours qui changerait beaucoup de choses, explique Kathleen Huré-Grand. L’accès aux psychologues pourrait être initié par le médecin-traitant ou par un médecin psychiatre. Une prescription serait alors donnée pour dix séances seulement avec, à la fin, un rapport qui serait remis par le psychologue au médecin prescripteur. On nous retirerait notre rôle d’expert de santé, puisque l’évaluation de l’état d’un patient serait alors confiée au praticien prescripteur. On nous réduirait ainsi à un statut de technicien. C’est une méconnaissance totale de la santé mentale. » Les psychologues mobilisés dénoncent en creux une sorte de culture du résultat que l’exécutif chercherait à leur imposer. « Cette réforme instituerait un cadre très rigide, alors que nous travaillons aujourd’hui dans une totale liberté de confiance », continue Kathleen Huré-Grand.

Une évolution des remboursements ?

Autre point d’accroche : la question du remboursement des actes en libéral. Pour le moment, les consultations chez un psychologue ne sont pas remboursées par la Sécurité sociale, même si certaines mutuelles offrent à leurs adhérents une sorte de forfait pour un nombre de séances limité. Dans un pays « où la consommation d’anxyolitiques et d’antidépresseurs est l’une des plus élevées d’Europe », le principe du remboursement des consultations serait dans les tuyaux, mais les psychologues mobilisés rejettent la façon dont il pourrait se faire. « Le Gouvernement souhaiterait qu’il n’y ait pas de reste à charge pour le patient et travaille actuellement sur une base de 22 € pour une demi-heure de séance, détaille Kathleen Huré-Grand. C’est une hypothèse qui pourrait nous inciter à faire du travail à la chaîne ou de procéder à des dépassements qui, eux, ne seraient pas à ce tarif-là… »

Enfin, les gouvernants réfléchiraient à créer un Ordre des Psychologues, organisme dont la profession est aujourd’hui dépourvue. « Cela ramènerait à créer une unité dans des pratiques qui sont très variées et qui doivent le rester. Ce n’est pas cohérent avec la réalité de notre travail. Nos organisations réfléchissent à des propositions mais pour le moment, elles n’ont pas abouti à un consensus. » Ces différentes revendications seront donc répétées dans une semaine à Orléans, en espérant obtenir, au moins, une écoute attentive… 

Une réponse

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Autres ARTICLES a lire

Signaler un commentaire