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Métropole : à qui perd gagne

Métropole : à qui perd gagne

Orléans Métropole a validé la semaine dernière son budget 2022 et son Plan Pluriannuel d’Investissements pour 2026. Après les arbitrages nécessaires qui ont été faits suite à la prise de pouvoir de Serge Grouard, à l’automne, les communes de gauche, majoritairement situées au nord, estiment qu’Orléans et ses partenaires du sud s’en sont mieux tirées qu’elles. benjamin vasset
B.V
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 À discussion stratégique, débat à rallonge : jeudi dernier, les conseillers métropolitains ont échangépendant plus de trois heures sur le budget 2022 de leur collectivité ainsi que sur les investissements qui seront réalisés jusqu’en 2026. De ces échanges fleuves, il en est ressorti plusieurs conclusions : d’abord, les maires et conseillers de gauche ont fait front pour dénoncer des baisses de crédits dans le domaine de la proximité, et ont accusé Orléans de gober la majeure partie des investissements. Des postures logiques, somme toute : Serge Grouard, maire de la ville-centre et nouveau président de la Métropole, a pris la place du socialiste Christophe Chaillou en novembre dernier, après ce que certains, à gauche, ont apparenté à un « coup
politique ». 

Petites économies

En décembre dernier, Serge Grouard avait promis de faire des économies dans le budget 2022. Il a baissé les dépenses de fonctionnement de près de 9,6 M€, un chiffre à modérer, cependant, puisque les deux tiers de cette masse sont le fruit d’une diminution des subventions d’équilibre au budget transports, qui va lui-même se refaire la cerise à coup d’augmentation du Versement Mobilité… payé par les entreprises. Les économies de fonctionnement réelles ne sont, donc, elles « que » de 3,7 M€. Quant aux dépenses d’investissements entre 2022 et 2021, elles baissent de 3,8 M€. Serge Grouard avait annoncé en décembre dernier des coupes de 16 M€ au niveau de l’investissement ? On avait mal compris. Renseignement pris après coup, il s’agissait de diminuer de 16 M€ l’enveloppe d’investissements prévus initialement pour l’année 2022… Les taux de cotisation financière des entreprises (CFE), de taxe foncière et des taxes d’enlèvement des ordures ménagères ne seront ainsi pas augmentés, contrairement à ce qu’avait projeté Christophe
Chaillou avant qu’il ne soit poussé vers la sortie, en octobre dernier. Mais l’ancien président socialiste et maire de Saint-Jean-de-la-Ruelle a indiqué à ce propos que si les taux d’imposition ne seraient pas augmentés par la Métropole, il est probable que les bases, elles, soient revues à la hausse. « Et ça, nos concitoyens vont le sentir passer… »

À moyen terme, les élus métropolitains ont aussi validé, dans leur majorité, un Plan Pluriannuel d’Investissements établi à plus d’un milliard d’euros, dont 723 M€ pour le budget principal. Une somme énorme, pourrait-on penser en voyant s’aligner tous ces zéros, mais plus de la moitié est déjà fléchée vers des projets en cours, des « coups partis », comme les élus le disent dans leur jargon. En fin d’année dernière, Serge Grouard avait aussi annoncé la couleur, sous-entendant que les maires devraient s’assoie sur certains de leurs projets afin de maîtriser la dette. La grande peur du maire-président ? Que l’épargne nette de la Métropole devienne négative. Alors des choix ont été faits, quand d’autres ont simplement été ajournés : c’est le sens de la « clause de revoyure », qui a été prévue dans une grosse année, soit à la mi-mandat, pour décider si certains projets ne pourraient finalement pas être réintégrés dans le Plan Pluriannuel d’Investissements. 

En attendant, on connaît déjà le nom des « victimes » de ce serrage de ceintures : l’extension du Parc de Loire au nord de la métropole, les travaux d’aménagement de la Tête Nord du Pont de l’Europe, entre Orléans et Saint-Jean-de-la-Ruelle, ou la réhabilitation de la friche IBM, à Combleux, tandis que la Résidence des Apprentis, à Saint-Jean-de-Braye, va devoir attendre aussi un peu avant de se refaire une cure de jouvence. « Il y a 390 M€ de report, c’est quatre fois le montant d’investissement de l’année, c’est énorme », a ainsi regretté le maire de Semoy, Laurent Baude, alors que d’autres élus se sont également plaints des orientations à la baisse du PPI en matière de proximité. « Faux », a rétorqué Serge Grouard, affirmant que cette politique représentait la « première dépense d’investissement jusqu’en 2026 ». Oui, mais voilà, des travaux de voierie dans certaines communes ne seront pas financés, et ça, les administrés le remarquent très vite… D’ailleurs, des travaux sur des axes « très structurants » comme la RD 2020 Nord, la RD 960 ou le Faubourg Bannier ont été inscrits dans la fameuse clause de revoyure, ce qui a agacé la maire de Saint-Jean-de-Braye, Vanessa Slimani. « J’invite les élus d’Orléans à sortir de leur ville », a-t-elle lancé ironiquement à ses homologues, dans une allusion aux travaux qui ont eux été fléchés pour la requalification des mails, à Orléans, pour un peu plus de 60 M€. Une somme qui a eu du mal à passer chez certains, qui n’y voient que de façon lointaine un intérêt métropolitain. À son corps défendant, Serge Grouard a pourtant indiqué avoir lui aussi revu ses ambitions à la baisse sur ce projet, en se concentrant sur l’axe Jaurès-Rocheplatte et en sortant du plan de travaux la section Aristide Briand. « Et le parking intégré à l’université Porte-Madeleine est supprimé, ce qui représente des économies de 20 M€ !, a-t-il ajouté. Mais il y a quand même besoin d’un parking sur le mail pour répondre aux futurs besoins de stationnement. » La section Place d’Arc, estimée à 17,5 M€, est quant à elle conditionnée à la « participation significative de l’opérateur privé au financement de l’opération ». 

Duel au soleil

Bien qu’Orléans ait expliqué avoir elle aussi rogné sur d’autres dépenses (travaux de sécurisation du musée des Beaux-Arts, rénovation de la façade du Zénith…), Serge Grouard a bien compris que les maires de gauche lui reprochaient publiquement d’avoir priorisé ses intérêts. « 60 % des projets nouveaux sont pour Orléans, alors qu’elle n’accueille que 40 % des habitants de la métropole », a ainsi taclé la maire de Saran, Maryvonne Hautin. « Contre-vérité ! », a repris Serge Grouard, qui veut qu’on « arrête ce haro sur la ville-centre. Le PPI est réduit de 26 % sur l’ensemble de la métropole, et de 47 % pour les projets orléanais ! » Matthieu Schlesinger, le maire d’Olivet, a précisé que tout le monde avait dû manger son chapeau, prenant pour exemple l’avenue de Saint-Mesmin, qui va devoir atteindre elle aussi, un peu, avant de se refaire une beauté. Le premier vice-président en charge de la Transition a ainsi préféré mettre en avant les 251 M€ mis sur la table d’ici 2026 pour les projets attenant à sa délégation, dont 80 M€ de « projets nouveaux ». « Nous garantissons quand même que, durant ce mandat, 40 M€ vont être consacrés à la production d’énergies renouvelables. » Dont les fameuses « fermes solaires », encore un projet orléanais, a maugréé un conseiller métropolitain, avant que Matthieu Schlesinger ne pointe les 10 M€ investis à moyen terme pour la rénovation énergétique
des logements. 

Il y aura quand même eu des heureux dans ce long travail d’analyse et de prospection qui, selon Serge Grouard, a permis d’éplucher plus de 1 300 lignes budgétaires durant le mois de décembre. Ainsi, la maire de La Chapelle-
Saint-Mesmin, Valérie Barthe-Cheneau, va elle pouvoir compter sur 1 M€ d’argent métropolitain pour faire sortir de terre sa piste de BMX. Un projet – et une somme – qui avaient entraîné en octobre dernier la chute de
Christophe Chaillou. Ce dernier, pointant l’opposition récente de ses anciens partenaires mais leur agrément final à ce projet, ne s’est pas privé de faire remarquer que le sens du vent avait visiblement changé, pour eux. Comme s’il le découvrait.

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