Chaque année, les habitants de Tours Métropole Val de Loire produisent près de 120 000 tonnes de déchets au total, soit environ 400 kg par habitant, dont 50 000 tonnes sont recyclées, les 70 000 tonnes restantes étant enfouies sur le site de Sonzay notamment. Pas de quoi rougir de honte, ni crier victoire, les Tourangeaux se situant plutôt au-dessus de la moyenne nationale de déchets produits qui est aux alentours de 350 kg par habitant et par an. La tendance est pourtant bonne, avec une baisse moyenne de 1 % par an des déchets collectés ces dernières années. Ce dont tout le monde pourrait se féliciter sauf que cela ne sera pas suffisant pour faire face à l’augmentation galopante de la taxe générale sur les activités polluantes (TGAP) instaurée puis réformée par les lois des finances successives (1999, 2009, 2013 et 2014). Fondée sur le principe du pollueur-payeur, la TGAP vise à favoriser la prévention, la réutilisation,
le recyclage et la valorisation des déchets en faisant payer aux collectivités une taxe sur les quantités enfouies ou incinérés. Cette taxe, qui était de 18 € / tonne en 2020 est passée à 30 € cette année et augmentera fortement dans les prochaines années pour atteindre 65 € la tonne en 2025 ! Avec ses 70 000 tonnes enfouies chaque année, la Métropole verrait donc ses finances plombées par cette taxe « vertueuse » sur le plan environnemental… Cela représente déjà un surcoût de 5 M€ pour les finances métropolitaines d’où la hausse de la Teom de 1,8 %.
Un nouveau centre de tri en 2024
L’idéal serait d’éliminer les déchets à la source en éliminant les emballages qui pèsent du plomb sur la balance du budget de la collecte et du traitement. Mais en attendant de voir tous les Tourangeaux devenir adeptes des achats en vrac, des emplettes au marché et de l’eau du robinet pour éliminer les bouteilles plastiques, il faut trouver rapidement des solutions efficaces pour réduire la part des déchets enfouissables et augmenter celle des recyclables. C’est la tâche à laquelle s’est attelée Martin Cohen, élu l’été dernier vice-président délégué à la collecte et à la vie circulaire des déchets. « C’est un gros chantier mais nous n’avons plus de temps à perdre, explique le jeune ingénieur de profession, spécialisé en énergie-climat. Il faut jouer sur tous les leviers dont nous disposons, à la fois en créant de nouveaux outils comme le futur centre de tri, mais aussi en optimisant les dispositifs actuels comme le compostage ou le tri qui doivent gagner en efficacité… »
Eh oui, les Tourangeaux ne sont pas les meilleurs trieurs de la terre, 30 % des poubelles jaunes destinées au recyclage étant jugées inexploitables lors de leur arrivée au centre de tri de La Riche car contenant trop de matières non recyclables… « Et cela a un coût, regrette Martin Cohen. Non seulement à cause de la perte de temps occasionnée par leur traitement, mais aussi par le manque à gagner car ce sont autant de déchets qu’on ne peut pas valoriser et qui ne rapportent donc pas à la collectivité… » Il faut savoir en effet que les déchets recyclables sont vendus à des entreprises spécialisées dans la valorisation et que cela génère des recettes pour la Métropole. Au total, on pourrait estimer à 500 000 € le manque à gagner chaque année. Le message que va s’attacher à faire passer la collectivité dans les prochains mois est de trier plus et mieux !
Des composteurs collectifs pour bientôt
Le futur centre de tri de Parçay-Meslay
qui est dans les tuyaux permettra aussi d’optimiser la valorisation des recyclables, avec le double avantage de faire baisser les tonnages enfouis et, par effet de vases communicants, de générer une hausse des recettes sur les quantités valorisées. Il permettra aussi de mettre en place une autre alternative à l’enfouissement avec les CSR, ou combustibles solides de récupération, qui se développent depuis quelques années. Ces combustibles sont constitués de déchets non recyclables mais qui peuvent être brûlés dans des chaudières et fours adaptés puisque non toxiques. Leur combustion est une source d’énergie peu coûteuse, qui a aussi l’avantage d’éliminer certains types de déchets…
Il faudra attendre encore un peu avant de voir cette nouvelle solution émerger car le centre de tri de Parçay-Meslay
n’est toujours pas sorti de terre. Le chantier devrait commencer avant la fin de l’année pour une mise en service début 2024. À ce moment-là, la Métropole sera dotée d’un outil bien plus performant qu’actuellement. En attendant, des travaux seront réalisés sur l’unité de La Riche pour optimiser aussi le recyclage.
L’autre piste à creuser pour réduire la part des déchets enfouis est bien évidemment le compostage. Si tous les déchets organiques, restes de nourriture, épluchures, marcs de café et autres sont mis au compost, cela diminue d’autant les tonnages collectés. « Là encore, cela marche plutôt pas mal déjà car il y a près de 20 000 composteurs chez les particuliers, analyse Martin Cohen. Mais on estime qu’on est au tiers du potentiel. Nous allons aussi mettre en service des composteurs collectifs pour des résidences, des immeubles ou même des quartiers. Il y a une demande des habitants en logements collectifs et des modèles existent pour traiter les déchets organiques de 15 à 20 foyers, nous allons les proposer aux Tourangeaux… »
Et s’ils l’adoptent en masse, cela réduira d’autant les déchets enfouis… et les taxes qu’ils engendrent !
