Heureusement, ses caves sont hautes de plafond. On pourrait craindre sinon que le patron ne se cogne la tête, tant sa stature est imposante. Un gaillard de 47 ans « né à Tours. Et j’étais élève au lycée hôtelier de Blois tandis que mes parents résidaient à Orléans. Je suis un gars du Val de Loire ! » Une région que Pascal Mineau regrette – et nous avec – de ne pas voir mieux estimée qu’elle ne l’est. Passe encore pour nos monuments, célèbres dans le monde entier, mais force est de constater que nos vins n’ont pas la même reconnaissance que ceux de Bordeaux ou de Bourgogne. « Ils font pourtant partie des meilleurs du monde, assure notre homme. Il faut l’assumer et miser sur la qualité. » C’est ce qu’il s’attache à faire en tant qu’ « éditeur de vins », comme il se définit : « Ici, je travaille cinq appellations : amboise, montlouis, vouvray, bourgueil et chinon. Je fonctionne en sélection parcellaire. Une parcelle, un vin. Si je veux travailler un chinon, je dois trouver un vigneron – car je ne suis pas propriétaire de vignes – qui ait la même philosophie que moi par rapport au terroir et à la conduite de vignes. » Mais ce métier-là n’est qu’un volet de son activité…
Un pionnier de l’œnotourisme
Car l’ambition de Pascal Mineau, qui a découvert l’endroit en 1992, pendant ses études, est de faire des caves Ambacia, rénovées à hauteur de 1,5 million d’euros, un haut-lieu de l’œnotourisme. Le parcours sensoriel, sous la conduite d’un sommelier, et audiovisuel, avec notamment un remarquable vidéo-mapping sur-
mesure, devrait y contribuer. Au milieu de ces nouveautés, le maître des lieux a évidemment conservé la collection de vins de Vouvray, cette œnothèque que l’on découvre en rejoignant la salle de dégustation pour le cours d’œnologie, étape finale de la visite Odyssée : « C’est unique. Dans le Bordelais, on trouve encore des bouteilles de 1947, mais jamais d’avant. » Certaines, ici, datent de 1874.
À vrai dire, l’œnotourisme n’est pas une nouveauté pour Pascal Mineau. Comme monsieur Jourdain avec la prose, il a fait de l’œnotourisme sans le savoir – le mot n’existait pas – après avoir exercé dans de nombreux établissements : « J’ai été sommelier, maître d’hôtel du ministre de la Santé en 1996 et 1997, directeur de restaurants étoilés Michelin. Puis j’ai créé France Intense en 2003, pour recevoir des clients étrangers dans le cadre de voyages autour de la culture, de la gastronomie et du vin. » Une particularité parmi d’autres : « Durant leur séjour, ils devaient passer un moment avec les producteurs, c’était important selon moi. » Cet attachement aux gens du terroir trouve son origine dans une enfance ponctuée de visites chez les grands-parents beaucerons : « Quand on allait à la ferme, mon grand-père allait fagoter son bois, il y avait des volailles, un potager, des arbres fruitiers. Cet héritage-là, je le porte en moi. »
Direction : la plage !
Entouré de professionnels expérimentés, Pascal, en mode sédentaire désormais, ambitionne de cultiver l’art de vivre façon Val de Loire. « Plus on va l’entretenir, plus ça va rayonner. Mais il faut le faire. » Lui, montre l’exemple. La preuve : même son huile est tourangelle. De l’huile ? Eh oui, il n’y a pas que du vin ici ! Il est possible d’acheter d’autres produits dans l’épicerie, ou de déguster des spécialités dans le bistrot. Du 100 % régional, évidemment. Au total, qu’ils soient vignerons, fromagers ou charcutiers, 25 producteurs ligériens travaillent avec Ambacia.
Mais l’art de vivre, au-delà de ce qu’il y a dans l’assiette ou le verre, c’est aussi le cadre. Ce peut être, par exemple, la terrasse, face à la Loire, « la plage de Loire », comme dit Pascal Mineau, où l’on prendra place dans une toue aménagée en espace détente. Espérons que l’évolution de la crise sanitaire nous permette de nous y installer très vite. Aux dernières nouvelles, l’ensemble du site sera opérationnel dès le 19 mai.
+ d’infos
Caves Ambacia, 56 rue du Rocher des Violettes, 37400 Amboise – 02 47 57 20 77.
Visite Odyssée : 12 €. Assiette de dégustation : 5 €.
Ouvert de 10h à 18h.