|
|
Avortement : des Orléanaises mobilisées

Avortement : des Orléanaises mobilisées

La semaine dernière, une centaine de personnes se sont réunies à Orléans à l’occasion de la Journée Internationale pour le droit à l’avortement. Si la cause semble être entendue en France, certains rappellent pourtant que la défendre permet d’agir comme une piqûre de rappel. Au Texas, la Cour suprême vient bien d’abaisser le délai légal à six semaines de grossesse…
Ambre Blanes
Partager sur facebook
Partager sur twitter
Partager sur linkedin
Partager sur email
Partager sur whatsapp

Il est aisé de reconnaître les membres du collectif Offensive Féministe 45 grâce à leur bleu de travail et leur bandeau dans les cheveux. Elles distribuent des tracts aux passants parmi lesquels quelques curieux qui s’arrêtent pour les questionner sur la raison de leur réunion. Entre deux chants entonnés, ces femmes rappellent les principaux événements relatifs à la cause de l’avortement en France, dont le célèbre procès de Bobigny*. Pour de nombreuses participantes, et en raison de leur histoire personnelle, le sujet peut résonner différemment. C’est le cas de Maria et Émilie, deux jeunes femmes actuellement en France pour un Service civique international. La première est Guatémaltèque : déjà impliquée dans les luttes féministes, elle avoue que le sujet lui tient très à cœur, car elle vient d’Amérique centrale où l’avortement est pénalisé, voire passable de peine de mort. Certaines de ses connaissances sont d’ailleurs en prison, accusées d’avoir avorté. Émilie souligne quant à elle qu’en 2020, l’Argentine a enfin légalisé l’avortement… Mais elle pense que, même en France, il faudrait davantage prendre en compte le bien-être des femmes qui font le choix de ne pas être de futures mères. Non loin de là, Prisca accompagne ses amies syndiquées, Delphine et Julia. Elle a été motivée à venir par le discours anti-avortement parvenu jusqu’à ses oreilles. « Peut-être que, comme beaucoup de causes, quand on n’en parle plus, on l’oublie… », explique-t-elle.

Selon ce trio, il serait nécessaire d’ouvrir des lieux dans lesquels avorter en sécurité, dans le respect et la discrétion, et de favoriser l’accès à ces derniers. « À l’hôpital d’Orléans, le service avortement est à côté du service maternité, regrette Delphine. Donc, lorsque vous vous présentez, vous attendez aux côtés de femmes qui viennent pour leur enfant à venir ou, encore pire, qui n’arrivent pas à en avoir un. » Pour elle, créer un ministère pour les femmes ou bien multiplier les Grenelle est du « blabla politique ». Son amie Julia estime quant à elle qu’une conscience de la défense des droits des femmes semble cependant se développer chez les jeunes, notamment autour de l’écologie et de l’égalité. De sorte que le sujet de la contraception n’est plus, selon elle, que de l’unique responsabilité des femmes… Les trois amies s’accordent toutefois sur un point : le remboursement de la pilule contraceptive serait déjà une bonne étape pour faire avancer la cause.

Où sont les hommes ?

Lors du rassemblement orléanais, plusieurs hommes préfèrent ne pas s’exprimer, dont certains par pudeur vis-à-vis d’un sujet « qui concerne les femmes » ou par crainte de leur « ôter leurs voix ». Benjamin, jeune étudiant en première année de licence et membre de l’Union des Étudiants Communistes, assure cependant qu’il y a encore beaucoup à faire. À commencer, dit-il, par la sensibilisation aux questions de sexualité au lycée. « Moi, je n’ai eu qu’une heure au collège et en plus, à 15 ans, on est trop jeune, on pouffe, ça nous dépasse. Alors qu’avorter, c’est un sujet sérieux… » Un euphémisme.

* Cinq femmes furent jugées en 1972 pour avoir avorté l’une d’elles, victime d’un viol. Leur avocate était Gisèle Halimi.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Autres ARTICLES a lire

Signaler un commentaire