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Cette maison autonome est unique !
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Cette maison autonome est unique !

Cette maison autonome est unique !

Bien avant Homo Sapiens, Homo Habilis se creusait déjà le ciboulot pour se construire un toit… Depuis quelque temps, préoccupé par les grands défis climatiques, « Homo Ecolo » a fait son apparition avec une ambition bien différente : réutiliser tous les déchets rejetés par notre civilisation pour bâtir sa maison. Avec, pourquoi pas, des murs en pneus et en bouteilles de vin, comme ici, à Ligny-le-Ribault…
Laurence Boléat
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À Ligny-le-Ribault, en Sologne, nous rendons visite à Pascal Veronneau, premier habitant du Loiret et de la région Centre-Val de Loire à avoir adopté le concept Earthship développé par l’architecte américain Michael Reynolds au début des années 70. L’idée est parfaitement dans l’air du temps : auto-construire sa maison en recyclant des matériaux de récupération et en utilisant des matières naturelles, telles que le bois et la terre. Objectif : devenir autosuffisant en énergie, en eau, et tendre aussi vers l’autonomie alimentaire. Début 2018, Pascal Veronneau s’est documenté et a commencé la tournée des popotes auprès des rares habitations Earthship déjà opérationnelles. Il s’est alors rendu près de Poitiers, puis en Dordogne et en Normandie, pour comprendre le concept et prendre un maximum d’informations. Trois ans plus tard, sa maison fut seulement la huitième en France à être habitée. La première rangée de pneus a quant à elle été posée en mars 2019. Et depuis cet automne, la petite famille vit dans sa drôle de maison. 

Terminé, le chauffage !

Sensibilisé depuis l’enfance à l’écologie, Pascal Veronneau est coordinateur au sein de l’association Loiret Nature Environnement, à Orléans, et travaille sur les thématiques de climat, de déchets et d’énergie. « Auparavant, je vivais dans une passoire thermique alors que j’expliquais au gens ce qu’il fallait faire…explique cet homme de 34 ans. J’ai donc décidé de vendre ce logement pour me lancer dans un projet qui me corresponde. » Le choix s’est porté sur ce type de construction passive, dont l’objectif était de se passer d’une source de chauffage. Techniquement, le principe est le suivant : les murs en terre accumulent l’énergie du soleil toute l’année et la restituent aux périodes froides. Les pneus, en réalité, ne servent qu’à contenir la terre compactée. Le concepteur, Michael Reynolds, expérimente ses créations depuis cinquante ans et continue d’améliorer les techniques. Le procédé bénéficie aujourd’hui d’un savoir-faire et d’un recul qui tranquillise les nouveaux adeptes de l’autosuffisance. En théorie, lorsque la masse thermique aura atteint son plein rechargement (dans deux ou trois ans), la température se situera toute l’année à l’intérieur de la maison entre 20 et 22 °C. Jusqu’à cette échéance, la température peut encore baisser ou monter de quelques degrés. Mais déjà, pour son premier hiver sans aucun chauffage, Pascal Veronneau n’est pas descendu en-dessous de 15 °C, alors que le toit de la serre, autre élément primordial, n’était pas encore isolé. La serre terminée, il ne devrait pas passer sous la barre des 18 °C et ne pas dépasser 25 °C durant le premier été, en attendant l’équilibre thermique. De fait, pour l’instant, le seul élément produisant de la chaleur est un minuscule poêle à bois, qui ne devrait d’ailleurs plus servir, à l’avenir, que dans la cuisine.

Revêtements et cloisons en terre crue

Côté plan, trois murs en pneu terre forment un rectangle ouvert. Le plus long côté est orienté au nord et épaissi avec 2,50 m de terre, auquel on ajoute un isolant en panneaux de liège et une bâche pour renforcer l’étanchéité. Un remblai de gravats a été monté tout contre, pour cause de terrain plat. À défaut, cette partie aurait été enterrée ou plaquée à flanc de colline. « C’est un peu le principe des maisons troglodytes, sauf que l’énergie ne se dissipe pas à l’extérieur, mais revient dans la maison, précise Pascal Veronneau. Cette énergie met à peu près un mois à parcourir un mètre. Donc, lorsque nous entrons en période froide, avec le déphasage, la chaleur revient progressivement. » 

« la température intérieure se situera toute l’année entre 20 et 22 °C »

À l’intérieur de la maison, la façade sud est vitrée et située sous une serre qui court sur toute la longueur. La structure principale de la charpente est constituée de troncs entiers de pin Douglas. Les enduits sont en terre naturelle, celle de Jouy-le-Potier, village tout proche et bien nommé, où Pascal Veronneau a récupéré une terre argileuse, idéale pour façonner des murs à effet. Un résultat bluffant qui a aussi servi pour le sol de toute la maison : un mélange terre, sable et paille de 15 cm, et une couche de finition terre, sable et huile de lin. Le revêtement, après trois couches supplémentaires d’huile de lin, est imperméabilisé et ne s’effrite pas. Résistant à l’aspirateur et à la serpillère, il peut même se teinter ! « C’est chaleureux, pieds nus ou en chaussettes, nous n’avons jamais froid », souligne le père de famille. Léo, 9 ans, confirme… Toujours dans l’esprit récup’, l’autre idée déco est l’insertion de bouteilles de verre et de canettes en aluminium dans le torchis utilisé pour construire les cloisons. Le jeu de lumière est ainsi assuré, d’autant que seul un pan de la maison possède une ouverture sur l’extérieur. L’autre aspect fondamental pour éviter la condensation repose sur la ventilation, grâce à un système de puits canadien avec quatre tubes de 12 m de long qui ressortent dans la cuisine, la salle de bains et les chambres. Le sol de la butte se maintenant toujours entre 10 et 15 °C : en été, l’air chaud entrant se rafraîchit dans les tubes, et l’hiver, l’air froid se réchauffe. La casquette, au-dessus de la serre double vitrage, joue son rôle bioclimatique : l’hiver, le soleil pénètre jusqu’au fond de la maison, et l’été, seule la serre est exposée aux rayons, ce qui permet de faire pousser les légumes… En cas de surchauffe, une ouverture s’actionne sur son toit pour renouveler l’air. Avec des toilettes sèches et un récupérateur d’eau de pluie équipé de tous les filtres nécessaires pour rendre l’eau potable, pas de raccordement au réseau. Les eaux grises sont quant à elle réutilisées pour irriguer la serre, puis redirigées vers une phyto-épuration. Pour finir, Pascal Veronneau tient à lever les inquiétudes sur l’utilisation des pneus : « Grâce à la terre, ils sont à l’abri de l’eau, de la lumière et de la chaleur. Toutes les analyses prouvent qu’il n’ya aucun polluant dans l’air, même sur le long terme. De plus, la terre protège du feu… »

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