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Commerces : quel visage en 2022 ?

Commerces : quel visage en 2022 ?

Comment le commerce orléanais va-t-il évoluer dans les prochains mois ? Alors que le dossier des Halles-Châtelet retient une bonne partie de l’attention, d’autres points restent en suspens. Adjoint en charge du Commerce, Luc Nantier passe ci-dessous au crible l’horizon commercial de la cité johannique.
Benjamin Vasset
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Après une année et demie de pandémie, les commerces avaient semblé retrouver un peu de couleurs depuis cet été. « La restauration avait même fait, dès octobre dernier, l’équivalent d’une année complète », soutient Luc Nantier, adjoint orléanais au Commerce. Las, avec les frimas de l’hiver, la reprise des contaminations et la mise en place du pass sanitaire, les commerçants ont dû faire face à de nouvelles contraintes. Entre le 29 novembre et le 26 décembre dernier, la mairie d’Orléans a toutefois pu organiser son traditionnel marché de Noël, ponctuée de zones restreintes et handicapées par la demande de pass sanitaire aux entrées. 286 000 visites ont cependant été décomptées sur la période allant du 8 au 26 décembre, avec des concentrations tournant entre 80 et 90 000 visites les week-end. « Un premier bilan positif », s’est d’abord félicitée la mairie d’Orléans. Mais « la période de Noël n’a pas été aussi magique qu’on aurait pu le penser, nuance Luc Nantier. La dernière semaine précédant Noël a été en deçà de la fréquentation espérée ». 

La braderie confirmé

C’est dans cette ambiance de début d’année, plombée par le temps gris, l’arrivée du variant Omicron et l’obligation de télétravailler trois jours par semaine, que les soldes d’hiver ont commencé mercredi dernier, tandis que les commerçants ne faisaient pas état d’un optimisme béat. « Il faut que les clients répondent présents », enjoint toutefois Luc Nantier, qui compte également sur la tenue de la braderie d’hiver, repoussée aux alentours du 24 février (quand « les Orléanais seront rentrés de leurs vacances au ski ») pour accompagner les commerçants dans l’écoulage de leurs stocks. Alors que le maintien de ce temps fort de l’hiver orléanais devrait donner du baume au cœur au secteur, la mairie d’Orléans indique travailler sur d’autres pistes pour dynamiser l’animation commerciale de la ville. Une course de garçons de café, en partenariat avec l’UMIH 45, est dans les tuyaux, sans que des dates ne soient encore arrêtées. Parallèlement, la programmation culturelle « Hors Les Murs » devrait continuer à égayer les rues d’Orléans, le samedi après-midi notamment. « Ce n’est pas quelque chose qui va être supprimée », indique-t-on diplomatiquement place de l’Étape.

Pas de nouvelles aides prévues

Suite au premier confinement, la mairie d’Orléans avait mis la main à la poche pour accompagner les commerces, touchés de plein fouet par la fermeture, totale ou partielle, de leurs boutiques. Bien qu’aidés abondamment par les dispositifs gouvernementaux, les commerçants orléanais avaient aussi été accompagnés localement par la mairie, qui les avait exonérés de droits d’enseignes et droits de terrasse en 2020 et en 2021. Au lendemain de son élection, en juin 2020, Serge Grouard avait aussi dû souquer ferme pour faire passer son aide d’urgence de 1 000 € aux commerçants orléanais, croisant le fer avec la Préfecture sur fond de méli-mélo administratif. Après que la Métropole fut intervenue, l’affaire avait cependant été réglée, et les fonds débloqués. En cette année 2022, il n’est pas prévu, pour l’instant, que la Ville d’Orléans remette la main au portefeuille. « Nous prévoyons une facturation normale », prévient Luc Nantier, expliquant que la situation  était aujourd’hui différente d’il y a deux ans, avec des commerces qui ont été plus longtemps ouverts cette année, même en condition dégradée. « Et puis, insiste l’adjoint au Commerce, il faut que la collectivité ait des revenus. Cela serait compliqué de remettre 370 000 €
en jeux… »

Trop de bars-restaurants ?

On entendait dire, depuis quelques temps déjà, que Serge Grouard estimait le nombre de bars et restaurants trop important à Orléans. Les propos tenus ici par Luc Nantier confirment cette tendance : la mairie veut, dès cette année, amorcer un rééquilibrage général. « Nous sommes vigilants sur la diversité de l’offre », explique l’adjoint au commerce, qui confirme avoir reçu « une alerte » émanant de riverains se plaignant d’une prédominance de restaurants et de bars dans la rue des Halles, (VNB, Viandart, Monsieur Le Zinc…). À tel point que, à la place de l’ancien magasin de jouets Oxybul, la mairie déclarae avoir fait le forcing pour repousser un projet de bar/restauration. « Même si on n’a pas la main, on a freiné, confirme Luc Nantier. L’idée, sur ce côté-ci de la rue des Halles, est de ne pas faire du 100 % restauration. » De ce côté-ci, cependant, se trouvent les anciens locaux de Mr Bricolage, dont les portes restent toujours closes. Le projet d’aires de restauration/karaoké, porté par le patron du Blend, Alexandre Bert, n’est pas remis en question, mais il s’est récemment heurté, selon la mairie, à quelques écueils « techniques et juridiques ». « La barre a également été placée haut pour éviter les nuisances sonores ». De quoi expliquer le retard à l’allumage de cette enseigne, dont l’ouverture avait été un temps annoncé pour la fin de l’année 2021. Il faudra encore attendre quelques mois avant d’aller se remplir le gosier et se chauffer la voix dans cette enseigne très attendue du centre-ville d’Orléans. 

Carmes-Madeleine : la fin du « Petit Marais » ?

L’équipe municipale actuelle explique être très attentive à l’évolution commerce à l’ouest de l’intra-mail, au niveau de la rue des Carmes et de ses alentours. « Avec l’arrivée d’étudiants et d’habitants liés au projet Madeleine, ce sont 5 000 cartes bleues qui vont s’installer », précise Luc Nantier, rappelant par cette métonymie le potentiel économique du quartier. Si l’idée de la majorité est toujours de « réduire le spectre » des kebabs et des magasins de transferts de fonds, il semble que la stratégie ait un peu évolué depuis les élections municipales et le départ de l’ancienne manager de centre-ville (voir encadré). Sous Olivier Carré, l’idée était en effet de faire de ce quartier un « petit Marais ». Visiblement, l’expression ne sied plus guère à l’équipe municipale en place : cette orientation est « atténuée », dit ainsi Luc Nantier, qui parle encore une fois de « diversité », indiquant en creux que la tonalité « petit artisanat/déco » qui avait été identifiée devait évoluer vers un peu plus de restauration pour satisfaire l’afflux d’étudiants affamés et/ou assoiffés dans le secteur. Mais toujours en veillant à ne pas apeurer les riverains… Cependant, Luc Nantier ne nie pas qu’il reste difficile d’attirer des commerces dans cette zone qui n’a pas encore montré son vrai visage. Ainsi, le dossier de l’installation d’une « locomotive » commerciale au croisement de la rue des Carmes et de la place de la Croix-Morin reste au point mort, l’implantation d’une enseigne de restauration locale, prévue initialement, « n’étant plus à l’ordre du jour ». 

La Source : bientôt une supérette ?

Au sud d’Orléans, les Sourciens n’ont plus accès à une offre de moyenne distribution depuis la fermeture du Carrefour Contact en juillet 2018. Les choses semblent cependant avancer en ce début d’année : Luc Nantier annonce que le bailleur actuel aurait un projet de petit supermarché dans ses cartons. Ce n’est pas pour demain, mais peut-être plus probablement d’ici à cet été, croit-on savoir en mairie. Dans le quartier, le centre commercial Bolière est lui aussi en pleine restructuration. « Sur ce dossier, on a été beaucoup freiné, on a eu du mal à avancer », concède Luc Nantier, assurant cependant que les derniers blocages se sont levés. L’objectif, dans ce centre commercial, est d’avoir « une offre de commerces équilibrée, qui ne soit pas trop ethnique ». L’élu précise avoir « sous le coude un boucher -et un bon-, qui pourrait ouvrir en février-mars ».

Halles-Châtelet : et le Bazar Saint-Joseph ?

Le grand dessein de ce mandat municipal sera la réhabilitation des Halles-Châtelet. Un projet à plusieurs centaines de millions d’euros, d’une technicité et d’une complexité extrême, dont le but est in fine de transformer ce haut lieu du commerce orléanais en des halles gourmandes et conviviales, où l’on pourrait venir grignoter et prendre l’apéro tous les jours de la semaine. Mais avant de pouvoir trinquer, il va falloir se mouvoir dans les méandres juridiques d’un dossier qui met en scène plusieurs propriétaires et exploitants. Si la Ville d’Orléans a acquis cet automne deux lots pour pouvoir plus peser dans les discussions, elle n’est pas encore à l’aune de venir à bout de ce dossier. Une AMO (Assistance à Maîtrise d’Ouvrage) a cependant été passée pour analyser au mieux la situation actuelle, ébaucher des scénarios et initier des concertations avec les commerçants. « Il y a beaucoup de situations différentes, avec des générations différentes, qui n’attendent pas tous la même chose d’une réhabilitation des Halles », indique Luc Nantier. Une chargée de projet a toutefois été nommée pour mettre de l’huile dans les rouages, tandis que l’ancien adjoint au commerce, François Foussier, est toujours chargé de mission sur ce dossier. « Même si l’appel d’offre de l’AMO a été un peu long, la machine est lancée, veut croire son successeur. S’il est prévu de donner les premiers coups de pioche pendant ce mandat, on ne coupera probablement le ruban que lors du mandat suivant… » Situé en face des Halles-Châtelet, les portes de l’emblématique Bazar Saint-Joseph, qui a baissé le rideau fin 2019, demeurent pour le moment fermées. « C’est un dossier complexe sur le plan des murs, avec une grosse cellule découpée en plusieurs propriétaires, révèle Luc Nantier. La mairie d’Orléans n’a rien préempté. Une agence immobilière va venir s’installer, de même, probablement, qu’un magasin œuvrant dans l’univers de la cuisine et de la déco, mais moins spécialisé que le Bazar Saint-Joseph. » 

Un site marchand retardé

Suite à la crise sanitaire, la Ville d’Orléans avait annoncé, en avril dernier, le lancement d’un site internet marchand en lien avec l’association des Vitrines d’Orléans. Cette marketplace (140 000 € de budget, 85 000 € de financement municipal) devait initialement être lancée avant les fêtes de fin d’année… qui se sont finalement déroulées sans l’apport de cet outil. Baptisé J’achète à Orléans, ce site devrait être accessible en mars/avril de cette année. Soit très en retard par rapport au calendrier envisagé. « On aimerait un peu plus d’implication de la part des commerçants et des Vitrines, reconnaît Luc Nantier. Les commerçants doivent comprendre que ce site sera comme leur quatrième boutique ; il faut qu’ils se l’approprient. Il leur permettra de conquérir du chiffre d’affaires, avec des clients qui ne viennent pas forcément d’Orléans ». L’adjoint au commerce précise que, pour le moment, 25 commerçants sont référencés par cet outil, ce qui paraît encore un peu maigre. « Mais on bosse, notamment avec la Chambre des Métiers et la Chambre de Commerce et d’Industrie, pour sensibiliser les commerçants. Une personne a été embauchée par les Vitrines d’Orléans fin octobre pour faire le tour des commerces. Un site marchand de ce type, c’est toujours délicat à mettre en place. Il ne faut pas que ça fasse flop ». J’achète à Orléans sera en tout cas ouvert à tous les commerçants d’Orléans, adhérents ou non aux Vitrines, puis assez rapidement accessible à d’autres commerces de la métropole.

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