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« On ne naît pas violent, on le devient ! »

« On ne naît pas violent, on le devient ! »

Depuis 2007, la structure Athoba propose, en région Centre-Val de Loire, un accueil thérapeutique pour hommes violents. Véronique Livera, sa responsable du secteur santé, répond aux questions qui se posent sur le parcours psychologique des auteurs de violences conjugales. 
Gaëla Messerli
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Suite à l’annonce ministérielle, le 27 octobre dernier, de la création de seize centres régionaux de prise en charge des auteurs de violences conjugales, Athoba, un accueil thérapeutique pour hommes violents basé à Tours, a été choisi pour assurer cette mission en Centre-Val de Loire. Il va œuvrer sous le nom RAISO (Responsabilité des Auteurs de Violences conjugales par l’Information, le Soin et l’Orientation) et sera déployé dans les mois qui viennent dans le Loiret.

Pour Véronique Livera, la responsable du secteur santé de l’assocation qui gère Athoba, « on ne naît pas violent, on le devient. Cet état se construit avec plusieurs facteurs : il y a des éléments psychopathologiques, la construction de la personne, son éducation, mais aussi la société. » Le phénomène se développe, dit-elle, avec « la notion de genre à l’adolescence et dans la construction de la relation affective sous forme de duel amoureux. »

« C’est Monsieur tout le monde »

Mais surtout, Véronique Livera veut tordre le cou aux préjugés : « l’auteur de violences conjugales, ce n’est pas une épaisse brute alcoolique : c’est Monsieur tout le monde. Cela peut être votre meilleur collègue au boulot et le gendre idéal, car l’auteur de violences est quelqu’un qui a un problème dans la sphère affective et qui le sectorise. » Au centre Athoba, 90 % des personnes « qui viennent sont sous la main de la Justice. Nous les voyons avant ou après le jugement. » En effet, les auteurs de violences conjugales viennent rarement d’eux-mêmes à la rencontre des psychologues cliniciens. « Ce sont des gens très autocentrés, qui ont du mal à se remettre en question. » Quant à leur âge, il va de 18 à plus de 80 ans. « Nous avons de plus en plus de jeunes de 18 ans, ce qui n’était pas le cas il y a treize ans. La moyenne d’âge, néanmoins, tourne autour de 45 ans avec enfants. C’est l’âge où la Justice met la main sur les auteurs ; c’est aussi la période où le couple atteint une certaine  » maturité « . »

Pour Véronique Livera, il y a encore, aujourd’hui, un travail à mener dans les familles et les établissements scolaires pour « casser la montée de la violence. Le jeune qui siffle une femme dans la rue et lui dit qu’elle est « bonne » ne sera pas dans une relation égalitaire et respectueuse. De même, il faut arrêter de parler de devoir conjugal : cela n’existe pas, cela s’appelle du viol conjugal. »

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