|
|
Ils prennent le pass en grippe

Ils prennent le pass en grippe

Pour le sixième samedi consécutif, plusieurs centaines de personnes ont manifesté le week-end dernier pour dire non à l’instauration du pass sanitaire. La composition disparate du mouvement n’empêche pas celui-ci d’appeler à un nouvel après-midi de contestation, ce samedi.
Benjamin Vasset
Partager sur facebook
Partager sur twitter
Partager sur linkedin
Partager sur email
Partager sur whatsapp

Depuis la mi-juillet, les rues d’Orléans sont devenues, le samedi après-midi, le théâtre de manifestations qui tranchent avec la torpeur habituelle de l’été. Le week-end dernier, ils étaient encore plusieurs centaines à battre le pavé dans le centre-ville de la cité johannique. Combien ? Comme d’habitude en de pareils cas, les batailles de chiffre ont fait rage. La police présente autour de la manifestation évaluait le cortège à 1 500 personnes environ. Les organisateurs, eux, comptèrent entre 3 000 et 3 500 individus. Les manifestants sont chatouilleux sur la question : samedi dernier, ils ont accusé les « médias » d’avoir minimisé leur nombre lors de la précédente mobilisation du 14 août. « On sera encore plus nombreux la semaine prochaine ! », voulaient-ils cependant croire. Samedi dernier, dans la manifestation, certains étaient persuadés que leurs idées restaient majoritaires – et donc légitimes – dans l’opinion publique, et que leur lutte allait faire boule de neige. Mais quelles idées, au juste ? Officiellement, les organisateurs – aux premières loges le collectif d’associations de gauche Les Jours Heureux et l’UD CGT Loiret – ne se disent pas « anti-vacc’ », mais uniquement opposés à la mise en place du pass sanitaire : « on n’oppose pas les vaccinés aux non-vaccinés. Mais les non-vaccinés ne peuvent plus recevoir de soins à l’hôpital sauf aux Urgences, et c’est intolérable », entendait-on notamment dans la manifestation, en évoquant une « loi scélérate » à propos de la loi d’urgence sanitaire*. Alors que « plus de moyens pour l’hôpital » ont également été réclamés, les manifestants se sont aussi dressés contre « un monarque totalitaire » (Macron) qui aurait créé, selon eux, « une dictature sanitaire ». 

Si quelques manifestations « anti-pass » ont défrayé la chronique durant l’été dans le pays, elles n’ont pas donné lieu, à Orléans, à des dérapages manifestes, les gros bras du service d’ordre de la CGT veillant largement au grain. Pour autant étaient visibles samedi des pancartes créant des passerelles historiques plus que douteuses entre les époques. « Stop à la dictature féroce et nazitaire », pouvait-on lire sur l’une d’elles, tandis qu’une autre s’énervait contre « un pass vichyste ». Et parce c’est toujours plus sympa de mettre tout le monde dans le même sac, un manifestant affichait sur son dos ce slogan nuancé : « politiques, médias, scientifiques = incompétents, escrocs, consanguins ». 

Quelle libertés ?

Il faut dire que dans ce magma de revendications – et de « revendicants »-, difficile d’y voir très clair : des citoyens modérés cohabitaient en effet avec des anti-Macron très énervés contre le chef de l’État, mais aussi des Gilets jaunes, de vieux communistes, des complotistes bon teint et quelques militants aux cheveux courts. On vit même brandis, dans cette manifestation hétéroclite, un drapeau arborant des fleurs de lys. Une bannière royaliste ? « Un drapeau de la région Centre-Val de Loire et du duché du Berry », nous apprit-on plutôt. Preuve de cet assemblage hétéroclite : alors que la CGT et certains Insoumis livraient au micro leur conclusion de l’après-midi, un autre micro « citoyen » était ouvert à celles et ceux qui voulaient s’exprimer. Exercice intéressant mais toujours périlleux, qui vit un gamin de 6 ans être lourdement « incité » par une bateleuse à dire que « le pass sanitaire, c’était pas bien ». C’est beau, l’apprentissage de la liberté d’expression.

* En référence aux lois dites « scélérates » votées à la fin du XIXe siècle pour lutter contre les mouvements anarchistes et terroristes qui sévissaient alors en France et en Europe. 

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Autres ARTICLES a lire

Signaler un commentaire