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Le projet pour relier Orléans à Paris en moins de 20 minutes a-t-il du plomb dans l’aile ? Spacetrain attend son rail… et des fonds

Le projet pour relier Orléans à Paris en moins de 20 minutes a-t-il du plomb dans l’aile ? Spacetrain attend son rail… et des fonds

Le projet Spacetrain avance, mais pas du côté de l'exploitation du monorail de feu l'aérotrain. La startup est toujours dans l'attente d'une réponse de l’État pour pouvoir utiliser l’équipement et donner encore plus de corps à son projet.
Gaëla Messerli
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Pas facile d’être une startup basée sur l’innovation technologique en France. Les instigateurs du projet Spacetrain ne le savent que trop bien, eux qui attendent depuis des mois une réponse de l’État pour utiliser le rail de l’aérotrain, entre Saran et Cercottes, afin de réaliser des premiers tests grandeur nature. 

Émeuric Gleizes, le directeur général de Spacetrain, préfère cependant rester positif. « On se sent soutenus. C’est un projet né en France, qui se fait et qui se vend en France ! », explique l’initiateur du projet, qui estime qu’il est de toute façon trop tôt pour « vendre le procédé ailleurs. Il nous faut d’abord un prototype qui marche ». Celui-ci représente en effet, pour une startup, une démonstration, avec des données tangibles, qui prouvent qu’une idée peut avoir une application réelle. 

Coussins d’air et hydrogène

Sur ce volet d’ailleurs, les choses continuent de se mettre en place. « Nous sommes en train de fabriquer un banc d’essai pour crédibiliser le coussin d’air. Il y en aura huit sous la navette afin de permettre la sustentation. D’ici fin mars, nous serons en mesure de faire des tests », ont expliqué, jeudi dernier, Émeuric Gleizes et les chercheurs présents dans le laboratoire de Spacetrain à Cercottes. En voyant les coussins d’air, on ne pouvait que songer à l’aérotrain de Jean Bertin, mais l’on fut vite corrigé par les ingénieurs. « La différence entre l’aérotrain et le Spacetrain se trouve dans l’architecture, ont-ils précisé. Nous avons ajouté un élément mécanique et un élément amortissant afin d’éviter une perte de charge et offrir ainsi une meilleure stabilité. » 

« D’ici fin mars, nous serons en mesure de faire des tests »
Émeuric Gleizes, dirigeant de la startup Spacetrain  

Dans le laboratoire loirétain, on pouvait aussi voir un rail. En effet, Faouzi Ben Amar, responsable du développement électrique et docteur en génie électrique, développait : « Nous allons tester les performances de plusieurs rails : celui-ci est en alu et en acier, mais nous testerons également une version magnétique, une version alu. Le problème de la version magnétique est le coût, qui fait exploser celui du kilomètre de rail. C’est pour cela que nous allons tester une version hybride en modulant certaines parties magnétiques en fonction du parcours. » Du côté de l’énergie, cela avance aussi : « La source principale sera l’hydrogène. L’hydrogène comprimé à 700 barres permet en effet de réduire les volumes. Nous avons un partenariat avec le CEA à Tours (le Commissariat à l’Énergie Atomique développe ce projet de stockage à Ripault, à 15 km de Tours, NDLR). Cette technologie permettrait deux allers-retours Orléans-Paris dans un seul volume. » 

Mais l’hydrogène ne sera pas la seule source d’énergie utilisée. Des batteries en lithium et des supercondensateurs seront également employés « afin de répartir le cycle. Le but est également de stocker l’énergie et récupérer l’énergie du freinage. Nous avons d’ailleurs, aujourd’hui, un partenariat avec une filiale d’Air Liquide. » Et pour faire fonctionner l’ensemble, un algorithme jouera « le rôle de chef d’orchestre » en distribuant les rôles entre les trois sources. 

Sur rail cette année ?

Peut-on, dès lors, imaginer un test sur rail cette année ? Le problème, c’est que la société Spacetrain n’a toujours pas de réponse de la Direction de l’Immobilier de l’État (ex-France Domaine). Cela bloquerait, en effet, du côté de Bercy. Mais pour tenter de prouver sa bonne volonté, l’équipe de Spacetrain a proposé, il y a quinze jours, d’utiliser une autre partie du monorail, qui se trouve au milieu des champs, si cela pouvait amadouer l’État face au risque de nuisances pour les riverains. Si la réponse s’avérait négative, il serait encore possible de construire une voie de 75 m à l’extérieur du laboratoire de Cercottes pour pouvoir réaliser un test au deuxième semestre avec un prototype 1/3, plus petit que celui exposé actuellement dans le laboratoire à l’échelle 1/2 (voir photo). 

« Toujours pas de réponse pour utiliser le monorail… »

Si les soutiens sont là (voir ci-contre) et que les partenariats permettent à Spacetrain d’avancer au quotidien – que le monorail de l’aérotrain soit utilisé ou non – la startup a besoin de financement et espère attirer des fonds d’investissement. Émeuric Gleizes, le dirigeant de cette société labellisée « Jeune Entreprise Innovante », a également rendez-vous le 19 février prochain avec François Bonneau, le président de la Région Centre-Val de Loire. Un rendez-vous avec le Préfet a, en outre, été sollicité. À noter que les technologies – trois brevets ont déjà été déposés – développées par Spacetrain comme les coussins d’air, le moteur linéaire et la pile à hydrogène basée sur l’hybridation sont utilisables dans d’autres domaines. « La rentabilité de notre société passe par la vente à d’autres opérateurs de ces technologies avant même la création de la navette », estime Émeuric Gleizes.

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