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Sur les traces d’Henri Languille…

Sur les traces d’Henri Languille…

L'affaire Henri Languille est l'une des affaires criminelles les plus fameuses du Loiret. Gaëlle Saulé-Mercier, archiviste du Loir-et-Cher et passionnée de faits divers, a choisi d'adapter en livre son mémoire de master 2 portant sur le « guillotiné d'Orléans », condamné à mort il y a plus d’un siècle.
Gaëla Messerli
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Gaëlle Saulé-Mercier, archiviste loir-et-chérienne de son état, s’est toujours intéressée aux affaires criminelles. En cherchant dans les registres de condamnations à mort, elle est tombée un jour sur l’affaire Henri Languille, voleur et assassin loirétain guillotiné en 1905 à Orléans. Une affaire qui défraya la chronique dans le Loiret…et même au-delà. « Le dessin utilisé pour l’illustration est paru aux États-Unis quelques jours après l’exécution, détaille l’archiviste. On a aussi parlé de cette affaire en Nouvelle-Zélande. Il y avait, déjà, des agences de presse performantes… » 

Dialogue avec une tête de mort

L’affaire Languille eut des répercussions jusque dans les contrées les plus lointaines parce que sa conclusion achoppa, aussi, sur un épisode tragi-comique. « Une expérience incroyable s’est en effet déroulée au pied de l’échafaud, raconte Gaëlle Saulé-Mercier. Le docteur Beaurieux, médecin chef de l’Hôtel-Dieu d’Orléans, avait obtenu l’autorisation de… dialoguer avec la tête du guillotiné. » Quand celle-ci roula par terre, le praticien s’adressa effectivement à elle en clamant des « Languille, Languille ! » C’est alors que les paupières de l’intéressé se soulevèrent et fixèrent le médecin, avant de se refermer. L’expérience fut répétée trois fois, jusqu’à ce que les paupières fussent définitivement closes. De quoi alimenter la presse de l’époque et remonter à Paris, jusqu’au garde des Sceaux ! « Celui-ci était furieux et demanda des comptes au procureur général de l’époque pour avoir donné son accord, explique Gaëlle Saulé-Mercier. Il ne s’attendait pas à une telle expérience à Orléans, qui n’avait pas de faculté de médecine. »

« Une expérience incroyable s’est déroulée au pied de l’échafaud… »
Gaëlle Saulé-Mercier 

Ce fait divers trouva également un écho dans les débats qui agitaient déjà la France au sujet de la peine de mort. À l’époque de l’affaire, Orléans n’avait, en effet, pas vu la guillotine sur ses terres depuis 1865. Dans le pays, les débats parlementaires et législatifs étaient déjà vifs entre les partisans de la guillotine et les mouvements abolitionnistes. Ainsi, en début du XXe siècle, des personnalités locales comme Robert Halmagrand, chef de service de l’Hôtel-Dieu d’Orléans, n’hésitèrent pas à écrire au président de la République pour sauver Henri Languille. Mais ce fut en vain : celui-ci fut guillotiné le 28 juin 1905 (pour rappel, ce n’est qu’en 1981 que la France abolit la peine de mort, ndlr). 

Un dossier introuvable…

Comment une archiviste du Loir-et-Cher en est-elle venue à se passionner pour ce fait divers loirétain ? C’est en fait à l’occasion d’une reprise d’études et de la rédaction de son mémoire de master 2 en histoire contemporaine que Gaëlle Saulé-Mercier s’est intéressée à l’affaire Languille. La quadragénaire cherchait en effet un sujet qui ne concernait « pas (son) Département ». « Comme j’habite Saint-Laurent-Nouan, le Loiret est tout proche et je connaissais déjà ses archives, continue-t-elle. J’ai aussi une prédilection pour la fin du XIXe siècle et le début du XXe siècle. » Cependant, ses recherches furent loin d’être simples, car le dossier de Cour d’Assises manquait. « Il ne se trouvait pas au Tribunal de Grande Instance », explique Gaëlle Saulé-Mercier, qui réussit pourtant à croiser des sources partout en France. Elle put notamment consulter le dossier de recours en grâce envoyé au Président Émile Loubet, qui avait été conservé aux Archives de Pierrefitte-sur-Seine. 

Ce travail de fourmi a donc nourri le mémoire de Gaëlle Saulé-Mercier qui, après sa soutenance, a souhaité le transformer en livre. « C’est pour l’objet en lui-même, pour laisser une trace. C’est mon côté archiviste… », lâche celle qui n’en a pas eu assez de ces quatre années d’études intenses, et a choisi de poursuivre par de la criminologie à l’université Paris-VIII, « toujours à distance. » Désormais, elle a aussi un autre projet d’écriture en tête, toujours dans son domaine de prédilection : « j’ai toujours été passionnée par les faits divers historiques, indique-t-elle. Je me souviens de l’odeur du papier du magazine Détective que mon père ramenait à la maison… » Cette fois, l’objet de son ouvrage se passera en Loir-et-Cher : il s’agira de l’affaire de « l’empoisonneur de Blois », alias Fernand Leborre, un élève pharmacien qui empoisonna, le 3 mai 1907, son employeur avec de la strychnine. « Il fut finalement condamné au bagne, mais en revint ensuite. Sa vie après sa condamnation fut intéressante : il se maria et conserva également un lien avec ses parents. » Pour ce nouvel opus, Gaëlle Saulé-Mercier compte mettre à profit ses études de criminologie. Une affaire à suivre, donc. En attendant, on peut se plonger avec gourmandise dans les turpitudes de l’affaire Henri Languille…

Plus d’infos
Gaëlle Saulé-Mercier, L’affaire Henri Languille,
Le guillotiné d’Orléans, Édilivre, 26 € version papier, 4,99 € en version numérique 

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