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Kylian LecerfCarnet dénote
Portrait

Kylian Lecerf
Carnet dénote

Arrivé à Orléans après l’obtention de son bac, ce chanteur de métal est aujourd’hui prof des écoles, à seulement 25 ans. Avec franchise, il nous raconte ses débuts difficiles dans le « plus beau métier du monde »
hugo de tullio
Kylian Lecerf - Carnet dénote
03/12/2015 : Premier concert en tant que chanteur
01/09/2017 : Nomination en tant que fonctionnaire / enseignant
05/09/2020 : Sortie du premier single de Fight for Fate, Save Your Fate

Ne vous fiez pas à son regard de biche et à son apparence juvénile : Kylian Lecerf peut hausser la voix quand l’occasion s’y prête. Mais lors de notre entretien, il retrace son parcours avec un ton des plus apaisés. Après avoir passé son enfance à Bourges, puis près de Nevers et de Châteauroux, le jeune homme part suivre des études de Lettres modernes à la faculté d’Orléans. Licence en poche, il enchaîne par un Master, mention métier de l’enseignement, de l’éducation et de la formation. À la fin de son M1, il loupe le concours de recrutement des professeurs des écoles. Il explique qu’à l’époque, il se sentait encore « un peu jeune et inexpérimenté ». « Je n’ai pas énormément travaillé le concours et j’y suis allé un peu à la cool… » admet-il aujourd’hui.

L’année suivante, il effectue une nouvelle tentative qui s’avère fructueuse et lui permet de suivre, en alternance avec ses cours à Orléans, un stage dans une classe de CE1/CE2 à Dreux. Deux à trois jours par semaine, l’étudiant fait 240 km aller-retour pour découvrir le métier d’enseignant. Une première expérience professionnelle qui lui laisse des séquelles : « J’ai travaillé avec une enseignante qui n’avait pas beaucoup plus d’expérience que moi. La classe était dure, j’ai eu un cas d’élève violent qui a fugué et une affaire de pédopornographie… » « Une année un peu sombre », concède Kylian Lecerf, qui ne le dégoute pourtant pas du métier de professeur : « Quand j’étais plus jeune, raconte-t-il, j’aimais déjà beaucoup ce métier. Je suis quelqu’un qui aime l’ordre, les choses droites, bien carrées et je n’ai pas de problème avec l’autorité. »
Alors qu’il a une proposition de poste à Dreux, le garçon refuse, se met en disponibilité et recherche un travail près d’Orléans. Mais les places sont rares, d’autant plus lorsqu’on vient tout juste d’être diplômé. Il prend alors le premier poste qui vient et travaille comme… téléconseiller pendant deux ans : « J’ai rencontré de super personnes, ça a été une parenthèse très bénéfique. » Une parenthèse refermée en 2020, quand il apprend, deux jours après la rentrée scolaire, qu’il a décroché un poste de remplaçant à l’école élémentaire du Nécotin, à l’Argonne. Sa carrière peut commencer, non sans mal : en effet, Kylian Lecerf remplace chaque semaine des enseignants qui travaillent à 75 %. Résultat : il s’occupe des CP le lundi, des CE1 le mardi, des CM1 le jeudi et enfin des CE2 le vendredi… « C’est une très grosse galère en termes d’organisation. Les débuts ont été durs mais une fois qu’on a pris le rythme, ça va un peu mieux. » Le professeur en herbe assure que le profil des élèves est « plus sympa » qu’à Dreux, même si « c’est plus dur de s’imposer, car je ne les vois qu’une fois par semaine ». Même ressenti quant à l’ambiance entre les instits de l’Argonne, qui, selon lui, l’ont bien accueilli : « À Dreux, il y avait des clans, oppose-t-il. Un peu comme les comportements des gamins… Ils avaient leurs affinités et ne s’ouvraient pas forcément aux nouveaux venus. »
Cet emploi du temps chargé n’empêche pas Kylian Lecerf de se consacrer à ses passions. Féru de musique metal depuis son adolescence, il a même rejoint en 2014 un premier groupe avec qui il a sorti deux albums et s’est produit en concert une vingtaine de fois. Suite à des « divergences musicales », il a quitté la bande et créé un nouveau projet après un coup de foudre musical avec un guitariste en 2019 : un groupe de « deathcore », sous-branche musicale du metal. Les deux compères ont d’ailleurs sorti six titres en avril dernier, pour lesquels Kylian compose, joue de la guitare et prête sa voix. Son chant est d’ailleurs particulier, puisqu’il utilise la technique vocale périlleuse du « screaming », qui consiste à crier en utilisant son diaphragme et ses cordes vocales. Ce fan de Muse, Linkin Park ou The Offspring affectionne dans le metal « un côté puissant et mélodieux, grâce auquel on peut transmettre beaucoup d’émotions ».

Chez les morts-vivants

En parallèle, ce professeur des écoles s’est lancé depuis deux mois dans un tout autre défi : créer un jeu vidéo. Il accompagne une équipe de cinq personnes et écrit le scénario qui devrait baigner dans l’univers horrifique des morts-vivants. Il s’agira d’une sorte de « jeu de plateau en ligne, sans avoir l’inconvénient de passer 30 minutes à déballer le jeu de société ». Une distraction qui ne conviendrait certainement pas à la centaine d’enfants dont il s’occupe chaque semaine…

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